Une page d’histoire sera bientôt tournée dans l’arrondissement de La Baie. Après 105 d’existence et de loyaux services, la Bijouterie René Guérin fermera définitivement ses portes d’ici quelques mois.
Le propriétaire actuel, Jean Guérin, qui a 65 ans, prendra sa retraite lorsque l’inventaire actuel du commerce situé sur la rue de la Fabrique sera liquidé.
Il avait été fondé par son grand-père natif de Jonquière, Joseph Guérin, en 1918. C’est son père, René Guérin, qui a changé le nom de l’entreprise dans les années 1950, pour ensuite la léguer à son fils. Jean Guérin souligne que c’est son père qui lui a transmis sa passion.
Après 47 ans de service et une longue période de réflexion, il a cependant décidé de passer à autre chose.
« Ça faisait un an ou deux que je réfléchissais à prendre ma retraite. Je pourrais continuer encore, parce que j’ai la santé pour le faire. Il y a des bijouteries à Québec et Montréal où les horlogers ont 70 ans, mais je veux prendre du repos. Après 105 ans d’histoire et trois générations, je pense qu’on a fait un bon travail. »
Jean Guérin insiste : si la bijouterie ferme ses portes, ce n’est pas parce que les affaires vont mal. Lors de notre passage, plusieurs clients visitaient effectivement le commerce.
Vague d’amour
Et après l’annonce de la fermeture à venir sur la page Facebook de la bijouterie, la publication a suscité plus de 400 réactions et a été partagée des centaines de fois. Une vague d’amour qui a touché le propriétaire.
« On a toujours eu un bon support de la communauté. Les affaires vont très bien, surtout depuis la pandémie. Je ne mets pas la clef sous la porte parce que les ventes vont mal, au contraire. Les gens nous encouragent. On a les retombées parce qu’on a bien travaillé. »
Jean Guérin aurait bien aimé léguer son commerce à un de ses enfants, mais ils ne voulaient pas prendre la relève, ayant déjà de bons emplois. Vendre l’entreprise ne serait pas facile non plus selon lui.
« C’est difficile de vendre ce genre de commerce. Il faut acheter l’inventaire, payer le loyer, se donner un salaire et engager des employés. Il y a beaucoup de dépenses. Il y a des commerçants de La Baie qui l’ont déjà fait et qui ont finalement repris leur commerce en mauvais état après un an. Je ne voulais pas non plus vendre à quelqu’un qui aurait gardé le même nom, même s’il n’est pas dans la famille. »
Il faut également des connaissances pour opérer une bijouterie ajoute Jean Guérin, qui est horloger, bijoutier et gemmologiste.
« Ça ne s’apprend pas d’un claquement de doigts. Le cours de gemmologie ne se donne plus au Québec parce qu’il n’y a plus assez d’étudiants. Et l’école d’horlogerie de Montréal est fermée depuis une trentaine d’années. »