La première séance du grand conseil de ville de Saguenay de la nouvelle administration municipale pourrait passer à l’histoire. Sans coup férir, le nouveau maire de Saguenay, Luc Boivin, a fait accepter unanimement par les membres du conseil de ville une entente de règlement définitif qui coûtera au contribuable pas moins de 1 369 000 $.
Une entente semblable à celles rejetées à deux occasions par les membres du précédent conseil de ville dont certains siègent de nouveau pour le présent mandat. Cette fois, ces derniers se sont ralliés à la proposition du nouveau maire pour régler, une fois pour toutes, cette saga du congédiement d’un haut cadre de la ville de Saguenay, Caroline Dion.
Lettre évocatrice
On peut comprendre le revirement des conseillers dans ce dossier quand on prend connaissance de la lettre publiée par l’ex-greffière et ex-responsable des affaires juridiques. Lettre où elle témoigne des faits vécus au cours des deux dernières années. Comble d’ironie, le jour de l’annonce du règlement intervenu, toutes les personnes assises autour de la table du conseil, ce mardi 2 décembre dernier, portaient un ruban blanc, symbole de la lutte des femmes contre la violence et le harcèlement. Cette entente à l’amiable n’effacera jamais les séquelles de toutes ces accusations portées par l’exécutrice des grandes œuvres de la ville de Saguenay, la direction générale.
Liste noire
Dès le début de cette saga, Serge Gaudreault et l’ex-conseillère, Mireille Jean, avaient voté contre le congédiement de Mme Dion, alors que tous les autres membres du conseil se montraient en faveur de ce qui ressemblait bien plus à un règlement de comptes qu’au résultat d’une quelconque faute professionnelle ou criminelle.
Rappelons que lors des audiences de l’ex-DG de la STS, Jean-Luc Roberge, au Tribunal administratif du Travail (TAT), l’ex-bras droit du Cabinet de Julie Dufour, Max-Antoine Guérin, a répété l’existence d’une liste noire de noms d’employés que l’ex-mairesse Dufour aurait voulu congédier. Josée Néron avait soulevé l’existence de cette liste une première fois. Et Caroline Dion était apparemment du nombre.
Pendant deux ans, cette dernière a fait la une des journaux, décriée par la direction générale de la ville, sans pouvoir se défendre, en plus de subir un procès durant 11 jours où les fautes reprochées n’ont jamais été attestées.
Et les responsables?
La décision du nouveau conseil de ville permet d’épargner plus de 50 autres jours de procès où pas moins de 25 autres témoins auraient défilé pour étaler d’autres tranches de la vie professionnelle et même personnelle de Mme Dion.
Difficile de rejeter la faute sur les conseillers qui ont suivi les recommandations de la direction générale, sans trop connaître les faits, pour congédier la greffière. Mais une partie du prix que les citoyens doivent payer pour avoir exposé une fonctionnaire à l’humiliation publique ne devrait-il pas être défrayé par les responsables de ce gâchis? En tête de lice la direction générale, et plus largement certains politiciens qui l’ont provoqué?