Pour les plus âgés, qui passaient par la Pulperie au cours du premier week-end de juillet, l’ambiance nous rappelait le Woodstock de notre jeunesse, celui de 1969, pas celui des années 90. À travers une foule bien tassée, une ambiance de ‘‘Peace and music’’, comme on disait à l’époque, les hippies en moins. Beaucoup de jeunes dans la vingtaine, mais des quadragénaires aussi qui se laissent bercer par des groupes de musique folk, rock, soul et même du rap.
Surtout cette atmosphère pacifique et joviale façonnée par un auditoire chaleureux, comme envoûté par ce site historique accroché aux parois rocheuses de la rivière Chicoutimi. La Noce y a pris racine depuis quelques années déjà et c’est appelé à durer.
PHÉNOMÈNE LA NOCE
Il y a près de huit ans, la zone portuaire accueillait un nouveau festival, La Noce. Deux férus de musique, Éric Harvey et Frédéric Poulin, lancent l’idée d’un ‘‘gros party le fun’’ sur la zone portuaire. ‘‘On voulait célébrer le mariage entre la musique et les festivaliers en présentant des artistes de tous les genres’’, explique Poulin à Laurence Richard, du Quotidien. Deux ans plus tard, les initiateurs, suivis dans leur progression par de plus en plus de musiciens de la place, cherchent un lieu plus indiqué pour célébrer les mariages. La Noce déménage à la Pulperie, d’où on vient de compléter les rénovations du moulin 1903 qui tient toujours debout, à ciel ouvert.
VISITEURS DE PARTOUT
Depuis, l’événement ne cesse d’attirer les foules. Plus de 70 % de touristes de l’extérieur de la région, estime le directeur général de la Pulperie, Jacques Fortin, qui considère que La Noce contribue à faire connaître ce site patrimonial bien au-delà du Québec. Le succès est tel que le DG de La Noce, Fred Poulin, estime qu’il faut limiter l’expansion. ‘‘Pour que l’expérience reste agréable pour les gens, il va falloir s’en tenir au même nombre (de visiteurs) que cette année’’, soutient Poulin. Les gens de La Noce misent sur le décor et l’ambiance, tout en cherchant à se renouveler, mais en gardant l’identité de l’événement. En plus, les artistes de tout le Québec reconnaissent que le festival La Noce fait désormais partie de leurs stratégies de visibilité. Ce qui fait qu’on n’a pas de mal à remplir la programmation.
LA PULPERIE, UN ATOUT
Il ne fait aucun doute que le site de la Pulperie joue un rôle majeur dans le succès des activités qui s’y déroulent. Il faut souhaiter que le succès de La Noce puisse faire comprendre aux décideurs l’importance d’un tel bien patrimonial et culturel. Reconnu comme site mondial historique, les cathédrales industrielles du site de la Pulperie ont survécu à deux faillites et ont failli être démolies par le nouveau propriétaire, Union Carbide, en 1978. Sous la pression des Chicoutimiens en colère, les autorités municipales sont intervenues pour éviter la disparition de cette œuvre centrale de l’histoire de toute une région.
Il ne faudrait pas qu’une fusion obligée, qui n’a jamais fait disparaître l’esprit de clocher, puisse compromettre l’avenir de ce trésor régional.