Les dernières semaines nous ont ramenés à une réalité que bien des mandarins de la fonction publique souhaiteraient occulter parce qu’elle décrit une situation à la limite choquante pour plusieurs contribuables. Les hauts fonctionnaires gagnent des salaires qui dépassent de loin ceux des politiciens.
On ne le prend pas souvent pour compte, pourtant ces salaires s’accompagnent de fonds de pension indexés que peu de travailleurs au Québec arrivent à s’offrir. Sans compter que leurs conditions de travail sont encadrées par des garanties qu’aucune firme privée n’accepterait d’offrir à leurs travailleurs. Les politiciens, soumis à l’évaluation populaire à chaque fin de mandat, passent, tandis que les fonctionnaires poursuivent, peinards, vers leur retraite dorée.
Le contrôle aux permanents
Ce triste constat m’est réapparue au dernier conseil de ville quand, le conseiller, Kevin Armstrong, s’est plu à souligner, une fois de plus, l’excellent travail des fonctionnaires dans leur préparation du budget. Il le fait régulièrement pour le service de polices, pour les urbanistes et pour les services publics.
Peut-être oublie-t-il qu’ils et qu’elles sont justement rémunérés pour exécuter le travail qui leur est attribué. Où simplement le conseiller cherche-t-il à gagner leur confiance parce qu’il a découvert qui sont ceux qui tiennent les cordeaux du pouvoir à l’hôtel de ville.
Ces grandes manifestations d’empathie envers ces employés n’aident en rien les politiciens lorsqu’ils passent devant le tribunal populaire. Le maire ou la mairesse essuie une volée de bois vert qu’aucun fonctionnaire n’accepterait sans recourir au service juridique de la ville. Les réseaux sociaux amplifient la situation avec leurs lots d’insultes lancées par des auteurs aussi lâches qu’anonymes.
Trop de conseillers
Seulement au cours de la dernière année, un élu sur dix au Québec a abandonné la politique. Les maires et mairesses servent de bouclier aux conseillers dont les rôles semblent de plus en plus obscurs. Ce qui était autrefois un travail à temps partiel est désormais rémunéré à la hauteur d’une tâche à temps plein.
Si la responsabilité des chefs de partis politiques sur la scène provinciale ou fédérale semble mieux répartie, on ne perçoit rien de tel du côté des élus municipaux. Un ajustement s’impose à ce niveau. D’autres provinces, d’autres pays l’ont compris. Les décisions stratégiques se prennent plus efficacement dans des groupes restreints.
Vancouver, la troisième plus grande ville du Canada, compte 10 conseillers pour 670 000 habitants et une agglomération de 2,6 millions. À Saguenay on compte 15 conseillers pour 147 000 habitants. La métropole de la Colombie-Britannique est prise en exemple partout au Canada pour l’efficacité de son administration et l’application efficiente de sa politique sociale.
Est-ce qu’un conseiller par ancienne municipalité ne serait pas plus efficace pour l’avancement des dossiers à Saguenay? En réduisant le nombre de représentants, on obtient plus facilement un consensus et toute la vigueur pour l’application. Quatre à Jonquière (Arvida, Kenogami et Lac-Kenogami), quatre à Chicoutimi (Chicoutimi-Nord, Laterrière, Rivière-du Moulin) et deux à La Baie (Port-Alfred-Grande-Baie, Bagotville). Des conseillers imputables qui soulageraient la mairesse de quelques responsabilités et de beaucoup de critiques inappropriées autant qu’improductives.