Chroniques

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Le Centre des données fiscales, le nanane du fédéral

Le 05 mai 2023 — Modifié à 10 h 14 min le 05 mai 2023
Par Mélyna Girard

Chronique

L’odyssée du Centre des données fiscales commence en 1976. Rappelons-nous le contexte politique. Pierre Elliot Trudeau était au pouvoir à Ottawa depuis 1968 tandis qu’au Québec, le Parti Québécois venait de rafler la majorité des sièges avec René Lévesque à sa tête. Voyant la montée du nationalisme s’installer, le gouvernement fédéral la lancé un vaste programme de décentralisation du gouvernement du Canada. Naturellement, le timing était bon. Créer des emplois fédéraux : quel bon moyen de rappeler combien le gouvernement d’Ottawa est bon!

Jonquière avait voté du bon bord

En février 1976 le ministre de l’Expansion économique régional, Marcel Lessard, venait annoncer la bonne nouvelle de la création du Centre des données fiscales au Saguenay. Chicoutimi semblait en bonne position pour accueillir l’édifice fédéral, car en 1970 il s’était fait voler l’édifice administratif provincial au profit de Jonquière, à l’édifice Marguerite Belley. Dans le Réveil du 15 juin 1977, on annonçait que le Centre serait à Arvida. Les libéraux provinciaux et fédéraux étaient au pouvoir dans Jonquière depuis la fin des années 60. Coïncidence?

Et c’est un départ!

Maintenant qu’on avait trouvé un emplacement pour le futur édifice fédéral, la fonction publique devait se loger temporairement pour préparer la formation des futurs fonctionnaires qui traiteront les données fiscales. Le ministère des Travaux publics avait loué l’édifice qui habitait le magasin La Baie au carré-Davis. On se rappelle que La Baie avait quitté Arvida en 1977 pour s’établir dans le nouveau Centre commercial de Chicoutimi, Place du Royaume. J’y reviendrai dans une prochaine chronique.

Pendant qu’on aménageait les locaux temporaires, dans le Réveil du 12 juillet 1978, on présentait la maquette du futur Centre des données fiscales. On avait confié le mandat à André Brassard. Lors d’une entrevue avec Monsieur Brassard pour ma série Bâtisseur sur MAtv, il m’avait expliqué tout le processus de conception avec l’équipe d’ingénieurs et d’architectes du fédéral qui l’avaient invité à assister à une série de tests avec des maquettes pour définir l’emplacement exact du bâtiment sur le terrain. Ils avaient fait des projections sur la vitesse du vent et de l’accumulation de neige pour prévoir l’efficacité des déplacements des fonctionnaires sur le site, du stationnement à leur poste de travail.

Changement de gouvernement et ralentissement économiques

La fin de 1978 et le début de 1979 marquent l’arrivée de la crise économique. Le gouvernement fédéral devait faire des coupures et

le projet du Centre des données fiscales n’y avait pas échappé. Malgré tout on allait procéder à une première phase : l’excavation et

la construction des fondations au printemps 1979.

Mais Trudeau déclenche des élections et sera battu par les conservateurs avec Joe Clark à la tête d’un gouvernement minoritaire. Le nouveau premier ministre élu allait mettre sur la glace définitivement le projet du Centre des données fiscales. L’hiver s’en venait et l’architecte Brassard se demandait bien ce qu’il devait faire avec les fondations du futur édifice. Ils allaient procéder au recouvrement de la construction, il devait mettre le chantier en hibernation. Les structures sont restées cachées sous d’immenses barges pendant presque un an. Le gouvernement fédéral a été renversé après 273 jours et les Libéraux sont revenus au pouvoir, majoritaires.

Dans le Réveil du 9 avril 1980, on annonçait que le ministre des Finances, Jean Chrétien profiterait de son passage à Chicoutimi pour le lancement de la campagne référendaire et pour y annoncer la relance de la construction du Centre des données fiscales. Effectivement, dans l’édition suivante du Réveil, on publiait une photo de la 5e pelletée de terre pour la construction du centre. L’occasion fait le larron!

Une journée mémorable

C’était le 29 mai 1983 qu’on procédait enfin à l’ouverture officielle du Centre des données fiscales de Jonquière. Dans l’édition du 1er juin du Réveil, on pouvait voir s’effondrer en larmes le député de Jonquière, Gilles Marceau lorsqu'il a vu son nom gravé sur la plaque commémorant l’inauguration du Centre. De plus, 2 000 personnes avaient assisté à la visite et l’ouverture officielle de cet édifice qui avait fait couler beaucoup d’encre, beaucoup de millions et beaucoup de bulletins de vote!

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