La Société de transport du Saguenay (STS) franchit une importante étape vers une mobilité durable avec la phase 1 des travaux d’électrification de son réseau. En effet, un tout premier autobus électrique devrait faire son arrivée au sein de la flotte d’ici la fin 2025.
Le chantier, amorcé à la fin de cette saison estivale, permettra à la STS de se doter des infrastructures nécessaires à son virage électrique. D’abord, une marquise extérieure sur le terrain de la STS, situé sur la rue Bersimis, comprenant 16 positions de recharge par pantographe sera mise sur pied. Elle servira notamment à assurer un ravitaillement rapide et automatisé des autobus électriques. Viendra ensuite la construction d’une salle électrique de grande capacite et au-dessus de celle-ci, l’aménagement de bureaux pour répondre aux besoins croissants en matière de gestion, de planification et de soutien technique. Le coût total de la phase 1 admissible à du financement s’élève à 31 154 461 $. Le projet peut voir le jour grâce à la contribution financière de Logement, infrastructure, et Collectivité Canada (LICC), via le Fonds pour le transport en commun à zéro émission et du gouvernement du Québec, dans le cadre du Programme d’aide gouvernementale au transport collectif des personnes. La part de la STS est de 2 336 585 $.
« En 2019, on a procédé à une étude de faisabilité. Aujourd’hui, c’est une grande étape qui va nous permettre d’accueillir une nouvelle salle électrique à 25 000 volts. Afin d’avoir un plan de contingence en cas de coupures électriques, une génératrice sera également intégrée à la marquise. Cette phase 1 constitue un projet de deux mégawatts », mentionne le directeur de la planification réseau, projets et électrification à la STS, Sébastien Comeau. « D’ici quelques semaines, nous allons recevoir notre premier autobus électrique de marque Nova Bus, qui aura une autonomie de 250 à 350 kilomètres. La mise en opération de la marquise est quant à elle prévue à l’automne 2026 et à la fin de cette même année, ce sera environ 19% de notre flotte actuelle qui sera électrifiée, soit 16 autobus », ajoute-t-il.
En attendant l’achèvement de l’infrastructure, une borne de recharge Combo (CCS) temporaire est installée pour permettre la mise en service du véhicule selon les échéanciers.
LICC contribue également au projet d’acquisition pouvant aller jusqu’à 26 autobus électriques avec un financement, annoncé en 2023, d’au plus 16 185 041 $ sous le Programme d’infrastructure Investir dans le Canada. Le gouvernement du Québec injecte pour sa part un maximum de 22 254 431 $ via le Programme d’aide gouvernementale aux infrastructures de transport collectif. Ces deux montants découlent de l’Entente bilatérale intégrée (EBI) Canada-Québec. Enfin, la Société de transport du Saguenay assumera la somme restante.
Régler les problèmes de fiabilité ?
Est-ce que l’arrivée d’autobus électriques au sein du réseau pourra réussir à combler les problèmes de fiabilité que rencontre la STS depuis quelques mois ? Flotte vieillissante, bris de service à répétition, les difficultés rencontrées par la Société sont bien connues. Rappelons que l’organisation possède 36 autobus de taille standard qui fonctionnent au diesel, 11 minibus et 31 hybrides. Sur ses 78 autobus, 24 ont déjà atteint la durée de vie raisonnable, qui est de 16 ans. Le président de la STS, Claude Bouchard, soutient que des mesures sont prises en ce sens.
« On a publié un appel d’offres hier (lundi) pour la location de microbus court terme. On veut acheter 15 autobus usagés pour pallier le manque d’autobus qu’on vit présentement. Pour ce qui est des 12 autobus Vicinity, malheureusement, neuf d’entre eux ne sont plus en état de rouler, ce qui fait que certain matin, il nous en manque un, deux, trois ou quatre pour être capable de couvrir l’entièreté du territoire avec efficacité. On espère de pouvoir régler cette problématique de bris de service au printemps », émet-il.
Parallèlement, bien que les gens soient souvent sollicités de plus d’une manière à utiliser davantage le transport en commun, le ministre des Transports et de la Mobilité durable (MTMD), Jonatan Julien, estime qu’il s’agit d’un devoir qui relève des Sociétés de transport.
« Si l’utilisation du transport collectif est agréable, si le transport arrive à l’heure et au bon moment et que la durée du parcours est réduite, je crois qu’on a tous les éléments gagnants pour inciter les gens à utiliser cette manière de se déplacer. C’est à l’ensemble des Sociétés de transport de rendre ça ‘’sexy’’. À partir du moment qu’il y a des gains pour les citoyens, ils vont l’adopter. »
Les cibles d’électrification modifiées
Le gouvernement du Québec a récemment repoussé sa cible d’électrification de 55% des parcs de sociétés de transport, qui était initialement prévue d’être effective d’ici 2030, à 2034. Une décision qui a été prise parce que les sociétés en question estimaient la cible « irréaliste », en raison de contraintes financières et d’infrastructure. Claude Bouchard affirme qu’il s’agit d’un choix judicieux et qui permettra à la STS d’atteindre son objectif dans les temps.
« Dès que les autobus électriques feront leur entrée, on éliminera automatiquement nos plus vieux autobus afin d’améliorer notre flotte le plus rapidement possible. On espère ensuite que les commandes entreront pour 2027-2029, pour que l’on puisse se rapprocher du 100% »