Le Québec est autosuffisant en matière de dons de sang, mais la situation est bien différente pour les dons en plasma alors que les besoins des centres hospitaliers dépassent largement la capacité d’Héma-Québec à en récolter.
« Dans le plasma, l'autosuffisance est d’environ 30%. » souligne Josée Larivée, porte-parole d’Héma-Québec. « C'est-à-dire qu’on ne peut pas répondre aux besoins en plasma avec l’ensemble de celui qui est récolté au Québec. », poursuit-elle.
Pour combler ce déficit, Héma-Québec doit régulièrement se tourner vers les marchés internationaux, principalement aux États-Unis, afin de répondre à la demande. Toutefois, selon l’organisme, le Québec est amplement capable de diminuer cette dépendance.
« On a des ressources pour s’autosuffire et le plasma en fait partie. Il suffit que chaque Québécois aille faire un don. », explique Josée Larivée.
Un centre qui bat des records
Parmi les 12 centres de dons d’Héma-Québec qui récolte du plasma, celui de Saguenay se démarque par son efficacité, faisant de lui un modèle à suivre pour l’ensemble du réseau.
Avec un objectif hebdomadaire fixé à 580 dons de plasma, ce centre atteint régulièrement ses cibles, surpassant même plusieurs autres établissements. En 2025, le nombre de dons visés a notamment été ajusté à 24 850, une hausse par rapport à l’objectif de 23 500 dons de l’année précédente.
« Le centre de dons de Jonquière, c'est un centre de dons qui est exceptionnel, un centre modèle, un centre qui fonctionne vraiment bien. », s’exclame la porte-parole d’Héma-Québec.
Selon elle, le succès du centre de dons Saguenay vient en premier lieu de son équipe qui distingue par son dynamisme et son sens de l’initiative.
Par exemple, une employée du centre a récemment lancé une campagne de sensibilisation innovante visant à informer les donneurs sur l’impact réel de leurs dons. Chaque mois, la photo d’une personne ayant besoin de plasma est affichée dans le centre, créant un lien tangible entre le geste du don et ses répercussions concrètes.
Le centre entretient également des partenariats stratégiques avec des entreprises locales et des organismes communautaires, permettant aux employés de s’absenter temporairement du travail pour aller faire un don, avec l’appui de leur employeur.
La visibilité du centre est également une priorité. L’équipe participe activement à des événements comme le Salon de la famille et le Salon de la femme, utilise les réseaux sociaux et est présente dans les médias locaux.
« C’est une équipe absolument sensationnelle! Il y a une attention fine qui est portée à l’accueil de chaque personne et au service à la clientèle. », affirme Josée Larivée. « Il y a un sentiment d'appartenance qui naît de ça nécessairement. », poursuit-elle.
Cependant, Héma-Québec souligne qu’il y a toujours de la place à de l’amélioration.
« C'est un travail constant de renouveler nos banques. On ne peut pas dormir sur nos lauriers et se dire qu’on n’est pas obligé d'aller donner du plasma parce que ça va bien. », rappel Josée Larivée.
Plusieurs freins aux dons
Malgré les efforts soutenus d’Héma-Québec, le taux de participation au don de plasma demeure faible dans l’ensemble de la province.
« Il y a moins de 3 % des Québécois qui sont en âge de donner qui donne du plasma », déplore Josée Larivée.
Ce faible taux s’explique par plusieurs facteurs, à commencer par le facteur saisonnier, l’un des principaux obstacles identifiés par Héma-Québec. L’hiver, les conditions routières difficiles et le départ des « snowbirds » vers des climats plus cléments réduisent la fréquentation des centres. L’été, les vacances et les séjours en camping ont un effet similaire.
Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, des activités comme la chasse viennent aussi freiner les dons. De plus, la grandeur du territoire complique l’accès au centre de dons de Saguenay.
« Partir d’Alma pour aller faire un don de plasma, c’est plus complexe. », reconnaît Josée Larivée.
Le vieillissement des donneurs est un autre enjeu pour Héma-Québec qui peine à recruter les plus jeunes, moins enclin à faire des dons de plasma, une procédure qui nécessite de sortir de sa routine, prendre rendez-vous et se faire piquer le bras par une aiguille — des gestes qui peuvent en rebuter plusieurs.
Ces défis ne découragent pas Héma-Québec qui continue ses démarches pour convaincre le plus grand nombre d’aller faire un don de plasma puisque les besoins sont criants.
« On n’a pas idée du nombre de personnes qui dépendent de médicaments à base de plasma juste pour mieux vivre », rappelle- Josée Larivée.