La seconde journée du procès de Julie Dufour, l’opposant au Directeur général des élections du Québec (DGEQ), s’est amorcée ce mercredi matin au palais de Justice de Chicoutimi, présidé par le juge Louis Duguay de la Cour du Québec.
Rappelons que la mairesse de Saguenay fait face à des accusations de manœuvres électorales frauduleuses, liées notamment à des pancartes électorales, des dépenses et du financement. Ajoutons à cela que Mme Dufour aurait offert à deux candidats à la mairie et à un candidat potentiel, en 2021, de se retirer en échange de considérations futures, ce qui est illégal au sens de la loi. Une de ces trois personnes, le conseiller Jean-Marc Crevier, poursuivait son témoignage ce mercredi, interrogé par l’avocat de la défenderesse, Me Charles Levasseur.
Ce dernier a d’abord questionné le témoin s’il avait discuté au préalable avec des personnes sur ce qu’il entendait livrer comme témoignage au procès débuté cette semaine, notamment avec Josée Néron, Jacinthe Vaillancourt, Serge Simard, ou à des proches de ces deux derniers. Le conseiller répond que oui il en a discuté avec l’ex-mairesse, mais qu’il s’est fait rappeler à l’ordre par l’analyste-enquêteur du DGEQ, Pierre Dufour, d’arrêter de parler de la cause . En ce qui a trait aux deux autres personnes, Jean-Marc Crevier répond par la négative. Il avoue toutefois avoir discuté avec le fils de Serge Simard, sans savoir qu’il était “le fils de”.
En ce qui a trait à la possible candidature de Jean-Marc Crevier comme candidat à la mairie, ce dernier a avoué qu’il avait renoncé au projet en 2021 quand il a réalisé ce que ça incombait, notamment les besoins de bâtir une équipe de campagne et d’amasser des fonds. Par contre, il précise que la fameuse rencontre qu’il a eue avec Mme Dufour concernant l'intérêt de cette dernière de se présenter n’a joué aucun rôle dans sa propre décision “de ne pas y aller”.
Plainte ou pas?
Puis est revenu le questionnement de Me Levasseur sur le fait que Jean-Marc Crevier n’ait pas porté plainte contre Julie Dufour suivant le fait qu’elle lui aurait fait la fameuse proposition de ne pas se présenter comme candidat à la mairie en échange d’un poste de négociateur avec les employés syndiqués de la ville. Jean-Marc Crevier a alors répété son propos de la veille, comme quoi “il ne voulait pas qu’une plainte de sa part ait une quelconque incidence” sur la campagne électorale de novembre 2021. Me Levasseur a aussi soulevé son questionnement sur le fait qu’une fois l’élection passée, M. Crevier n’a pas porté plainte.
Sur le fait que ce dernier a commenté publiquement la plainte déposée par Josée Néron, une plainte qu’il a qualifiée lui-même de “confidentielle”, le conseiller arvidien appuie son intervention sur le fait que la mairesse disait qu’il n’y avait rien de vrai dans la fameuse proposition qu’elle lui aurait faite et qu’il a senti le besoin de dénoncer le déni de la mairesse, alléguant qu’au contraire “c’était vrai”. L’avocat de la défenderesse a aussi fait jouer un extrait d’une entrevue radiophonique, réalisée le 5 septembre 2021, 16 jours avant qu’il rencontre l’analyste-enquêteur du DGEQ, et dans laquelle il faisait déjà état des détails de la “fameuse proposition”.
Crevier connaissait-il Jacinthe Vaillancourt?
Le fait que Jean-Marc Crevier connaissait ou non Jacinthe Vaillancourt, qui disait avoir reçu le même type de proposition de Julie Dufour, est aussi revenu sur le tapis. Puis il a été question de la transcription écrite de la rencontre de M. Crevier avec l’analyste-enquêteur du DGEQ en septembre 2023. Me Levasseur, qui visiblement remettait en doute les prétentions du témoin, traduit de la retranscription que Jean-Marc Crevier sous-entendait une 3e personne, autre que Serge Simard, qui aurait reçu aussi une “offre” similaire de Julie Dufour. Ce qui lui a fait dire que M. Crevier connaissait l’existence de Jacinthe Vaillancourt, contrairement à ce que ce dernier répète depuis un bon moment.
Jean-Marc Crevier allègue de son côté que non, et que la retranscription est douteuse, puisqu’il n’a parlé uniquement que de Serge Simard lors de sa rencontre avec le représentant du DGEQ, invitant du coup l’avocat de la défense à écouter l’entrevue intégrale en audio-vidéo, entrevue qui confirme selon lui qu’il n’a jamais sous-entendu Jacinthe Vaillancourt puisque, répète-t-il, il ne la connaissait pas au moment de sa rencontre avec l’analyste-enquêteur.
Le témoignage de Jean-Marc Crevier s’est achevé sur une question de ce dernier, demandant s’il pouvait dorénavant parler du procès maintenant que son témoignage est terminé. Ce à quoi le juge Louis Duguay lui a conseillé de garder une discrétion sur le dossier, le tout étant très médiatisé depuis un bon moment.