Toute qu’une journée surréaliste. Le vendredi 21 juillet dernier avait lieu au Festival des Bières du Monde le concert tant attendu du groupe punkrock Descendents, un band légendaire à l’histoire incroyable qui a marqué plus d’une génération de punks et «skateux» en tous genres.
Mais comble du malheur, vers l’heure du midi, une publication sur le Facebook du band annonça qu’ils n’avaient pu se rendre à destination, leur vol étant cloué à Denver et n’ayant aucun moyen de trouver une solution à temps. La « Facebookosphère» s’est donc emballée sur ce qui allait se produire. Est-ce qu’un groupe allait venir d’urgence en remplacement ? Allait-on avoir un remboursement ? Pourquoi le Festival ne se prononçait pas, ou bien au compte-gouttes ? Des gens venaient de partout au Québec pour y assister et attendaient d’urgence une réponse. Ce n’était pas très reluisant ni encourageant.
Cependant des rumeurs planaient comme quoi Milo, le chanteur du groupe, était tout de même parvenu à se rendre au Québec, lui qui venait séparément de ses compagnons. Ces rumeurs furent confirmées lorsqu’un espion de l’internet publia une photo de lui au Vieux-Port en train de pratiquer. D’autres rumeurs prirent alors forme, pour être plus tard confirmées, selon quoi ceux originalement prévus en première partie et désormais têtes d’affiche, Face to Face, allaient venir en renfort derrière leur ami Milo, les deux groupes se connaissant depuis plus d’une vingtaine d’années sinon plus. Ma flamme était désormais ravivée.
Cependant, ce n’était pas assez pour convaincre une grosse partie des festivaliers qui ne voulaient pas d’une solution de rechange ou de cette version de deuxième ordre de Descendents. En plus qu’on prévoyait de la pluie... Ils voulaient un remboursement, ce que le festival tardait à confirmer sur le quand, le comment et le parce que.
Mais une autre partie des festivaliers, dont je faisais partie, se disait que la ride en valait toujours la peine parce que Milo Aukerman était là.
Milo, c’est une légende. En plus d’être un frontman hors-pair et un pionnier du punk rock, particulièrement du pop punk, il est aussi un biologiste moléculaire. La dualité de ces ambitions contradictoires entre la science et la musique a toujours marqué l’imaginaire et l’histoire du band. Et sa voix est emblématique. Donc, si Milo était là. On montait à Chicout.
Chicout, coûte que coûte. On ne l’a pas regretté. Malgré que le reste du band n’y était pas, il y avait dans l’air une effervescence palpable malgré les centaines de personnes ayant rebroussé chemin. On savait qu’il allait quand même se passer quelque chose d’unique dans le folklore punkrock, et ce pas seulement à l’échelle provinciale.
Après une solide prestation de Face to Face, que peu de gens auraient vraiment voulu payer 50$ en temps normal, Milo se pointe sur scène, n’étant cette fois accompagné que de sa fidèle paire de lunettes de nerd. Il nous demande alors de l’aider pour une courte liste de chansons du groupe qu’il interprétera du mieux qu’il peut à la guitare, lui qui n’en joue que très peu et jamais sur scène. Il joua alors une demie-douzaine de chansons de la sorte, et même s’il n’était que très rudimentaire à la guitare, sa voix et les chœurs de la foule vinrent compenser magistralement. Mon ami Nick a même versé une larme.
Ensuite, ce fut au tour de Face to Face de revenir compléter cette soirée en effectuant un tour de force de solidarité punkrockienne en substituant leurs amis absents derrière Milo pour un blitz électrisant de chansons classiques de Descendents. Une sorte de karaoké/ session de jam deluxe inédite qui fait depuis l’envie de nombreux fans des deux groupes sur les réseaux sociaux.
Et dans la foule, c’était malade. J’ai même « trashé », chose que je ne fais plus depuis une quinzaine d’années environ...
Donc merci Milo et aussi au Festival des Bières du Monde. Même si vous auriez pu mieux gérer la situation sur les réseaux, il y a quand même eu tout un show pour ceux qui y croyaient encore.