La relève chez les serruriers au Saguenay-Lac-Saint-Jean pourrait être ardue au cours des prochaines années. Parlez-en à Michel Fillion, le propriétaire de l’entreprise saguenéenne Serrurier Y.C Fillion, qui déplore qu’aucune formation professionnelle dans le domaine ne se donne dans la région.
Serrurier Y.C Fillion est une entreprise familiale située sur le boulevard Saint-Paul à Saguenay. Elle compte six employés et au mois de mai prochain, elle soufflera sa 44e bougie.
« Nous sommes en croissance depuis des années, depuis que mon père et mon oncle ont démarré l’entreprise nous n’avons jamais eu autant d’employés que maintenant. J’engagerais une ressource supplémentaire que nous serions toujours débordés », lance Michel Fillion qui explique que la demande est forte, mais que l’avenir est incertain.
L’homme d’affaires s’implique depuis peu sur le Conseil d’administration de la Corporation des Maîtres-serruriers du Québec. L’objectif de l’organisme est clair : sonner un signal d’alerte à Québec sur l’avenir du métier.
« Il n’y a aucune formation qui se donne au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il n’y a personne ici qui veut partir 11 mois à Montréal pour faire le cours et revenir. J’ai des compétiteurs ici qui se cherchent de la main-d’œuvre parfois depuis six ans », observe Michel Fillion qui peut compter sur le support de deux travailleurs à la retraite qui viennent donner quelques heures par mois.
Selon Michel Fillion, le Bureau de sécurité privée (BSP), l’organisme qui règlemente le métier de serrurier, devrait revoir ses façons de faire. Il souligne que depuis 2010, il est obligatoire d’obtenir un Diplôme d’études professionnelles (DEP) pour pratiquer le métier.
« Anciennement, l’employeur embauchait quelqu’un et faisait une demande auprès de la Sûreté du Québec pour la former en entreprise. Je comprends que le BSP fait ça pour protéger la population, mais ça place le métier à risque en région. »
Il croit que Québec devrait permettre à nouveau la formation en entreprise avec la supervision de la SQ.
Une relève se dessine
Michel Fillion compte parmi son équipe ses deux filles.
« Elles ont de l’intérêt pour reprendre l’entreprise, mais elles devront faire un séjour à l’extérieur de la région. Elles devront suivre des formations pour les coffres-forts et les autres types de serrures. Elles devront aussi obtenir leur licence du BSP pour opérer le commerce. »
L’homme demeure confiant pour l’avenir de son métier, malgré les changements technologiques.
« Lorsque j’ai repris l’entreprise, il y a plus de 20 ans, c’était l’arrivée des cartes magnétiques. On m’a dit à l’époque qu’on ne ferait plus jamais de serrures mécaniques. Aujourd’hui, la serrure mécanique demeure encore et toujours mon pain et mon beurre avec le secteur de l’automobile. »