Vendredi, 05 décembre 2025

Chroniques

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La gauche ouvrière pour prendre le pouvoir

Le 13 novembre 2025 — Modifié à 06 h 00 min le 13 novembre 2025
Par Vincent Gosselin

Avec la montée de la droite, souvent nationaliste, un peu partout en Occident, la dernière décennie n’a pas été la plus fructueuse pour les partis de gauche. La victoire du démocrate socialiste Zohran Mamdani à la mairie de New York pourrait toutefois faire tourner le vent.

Jeune, musulman et issu de l’immigration, Mamdani marque l’histoire pour plus d’une raison. Mais c’est comme représentant de l’aile gauche du Parti démocrate qu’il se démarque le plus.

Inégalités économiques

Ouvertement socialiste, il est un héritier direct de Bernie Sanders, le sénateur du Vermont deux fois candidat aux primaires démocrates. Ce dernier a toujours mis les travailleurs et les inégalités économiques au cœur de son discours.

Dans les dernières années, cette rhétorique a été tassée au profit d’une gauche identitaire qui a semblé, aux yeux de l’Américain moyen, déconnectée de sa réalité. N’en déplaise à ses partisans, cette mouvance aussi qualifiée de « woke » a contribué à l’élection de Donald Trump.

Avec Zohran Mamdani, c’est le retour d’un message inspiré par la lutte des classes sociales et beaucoup plus près de ce que vivent de nombreux résidents de la plus grande ville des États-Unis en cette période d’inflation et de crise du logement. Il n’est donc pas étonnant de voir que la moitié des électeurs ont choisi un candidat qui abordait les enjeux et les problèmes de leur quotidien.

On constate ainsi que les démocrates sont en bonne posture à un an des élections de mi-mandat lors desquelles la majorité sera en jeu à la Chambre des représentants et au Sénat. Le phénomène Zohran Mamdani, qui a mobilisé tant de jeunes électeurs, est une véritable menace pour Donald Trump et le Parti républicain, qu’ils ne peuvent pas prendre à la légère.

Au Canada

De notre côté de la frontière, cette élection historique peut aussi servir de leçon aux partis de cette famille idéologique. Le Nouveau Parti démocratique, en pleine course à la chefferie pour remplacer Jagmeet Singh, devra faire un choix : continuer avec la rhétorique qui a alimenté sa dégringolade ou ajuster le tir et revenir aux sources.

Le NPD, originellement un parti de travailleurs et de syndicats de l’Ouest, s’est urbanisé avec un discours culturel et identitaire, accusant de lourdes pertes, notamment en région rurale et au profit du Parti conservateur. La course à la direction est une occasion pour la formation de se demander ce qui la démarque du Parti libéral depuis l’arrivée de Mark Carney. La réponse pourrait se trouver au bas de l’échelle sociale.

 

Quant à Québec solidaire, le parti a été déchiré entre idéal et pragmatisme dans les dernières années, changeant quelques fois de porte-parole. Le choix de Sol Zanetti, samedi, est assurément une cassure avec le virage « pragmatique » que voulait prendre Gabriel Nadeau-Dubois pour aspirer au pouvoir, mais il pourrait révéler un retour à l’essentiel du discours sur les inégalités économiques.

 

Le peuple ou les élites, telle est la vision que le nouveau co-porte-parole de QS voudrait porter, à l’image de Mamdani à New York.

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