Lundi, 09 décembre 2024

Chroniques

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La CAQ prise à partie par un conseiller

Le 15 août 2024 — Modifié à 07 h 00 min le 15 août 2024
Par Richard Banford

S’il y avait encore des gens qui doutaient des intentions du conseiller Jimmy Bouchard de se présenter aux prochaines élections provinciales, je les invite à écouter la fin de l’enregistrement du dernier conseil de ville. Le gouvernement de la CAQ subit les foudres du conseiller Bouchard que la rumeur habille des couleurs péquistes dans la circonscription de Jonquière.

Profitant de son droit de parole avant la fermeture de l’assemblée ordinaire du conseil de ville de Saguenay, le conseiller du district 1 de l’arrondissement de Jonquière est revenu sur les promesses du député péquiste de Dubuc (La Baie), François Tremblay, qui s’affiche sur les médias sociaux comme un défenseur du patrimoine. Le conseiller Bouchard lui adresse la question suivante : « Où sont les millions de Québec? »

Une taxe mal répartie

Non content de s’en prendre au député caquiste de Dubuc, M. Bouchard a aussi apporté une critique sévère du système de répartition des revenus de la taxe à essence qui se fonde « bêtement » (sic) sur le prorata de la population. Selon ce professeur en génie civil du cégep de Chicoutimi, il faudrait prendre en compte les particularités des villes, leur configuration et leur topographie. Pour recevoir leur part de la taxe sur l’essence, les municipalités doivent respecter les priorités imposées par le gouvernement québécois, avec la réfection des infrastructures d’eau et d’égouts en tout premier lieu. Certaines municipalités répondent déjà aux normes dans ce domaine, a poursuivi le conseiller. On pourrait diminuer d’autant leur part. Il faut revoir la répartition des sommes perçues en fonction de ces particularités, réitère-t-il. Les quelque 43 millions $ accordés à Saguenay pour la période de 2019 à 2024 ne tiennent pas compte non plus de l’inflation. Saguenay n’arrivera pas à réparer tout son réseau à court terme.

Le logement social

Et le conseiller Bouchard ne s’est pas arrêté là. Le gouvernement Legault a aussi été pris à partie pour avoir aboli le programme Accès Logis pour le remplacer par le programme d’habitation abordable (PHAQ). Ce genre de programme exige que les villes paient 40% de la facture des logements qu’on doit construire avec l’argent rendu disponible dans ce programme. Or, selon M. Bouchard, Saguenay a voté jusqu’ici un montant de près de 5 millions $ alors qu’aucun projet n’a encore été accepté par Québec. Le nombre de logements créés par le PHAQ à Saguenay demeure ainsi à zéro, rappelle celui que la rumeur voit comme le prochain représentant du Parti Québécois à l’élection provinciale du 5 octobre 2026.

Discours politique

Plutôt discret et réservé jusqu’ici, celui qui s’est lancé en politique municipale à l’occasion de l’élection partielle de 2019 effectue un second mandat à la table du conseil de ville. Il profite de son statut et de la visibilité que cela lui confère pour placer ses pions en vue des prochaines élections provinciales.  Ses dernières interventions s’assimilaient à un discours politique partisan.

De mémoire, je n’ai pas souvenir qu’un conseiller soit allé aussi loin dans une intervention partisane à la table du conseil. Pourtant, l’élection provinciale ne vient qu’un an après celle des municipales. Est-ce que le conseiller Bouchard met la charrue avant les bœufs? La question se pose.

On doit rappeler qu’il a été reconduit sans opposition par les citoyens du district numéro 1 en 2020 et on ne lui connaît aucun adversaire potentiel au municipal jusqu’à maintenant. Alors, l’intervention du conseiller ne présentait pas un grand risque.

Même la mairesse, Julie Dufour, n’a pas semblé étonnée de cette sortie du conseiller. Au contraire, elle corrobore ses propos concernant la répartition des sommes provenant de la taxe sur l’essence.

En théorie, demander une meilleure répartition des taxes paraît tout à fait indiqué. Mais en pratique, appliquer d’autres critères que celui du nombre d’habitants devient beaucoup moins évident. On pourrait tenir compte de la grandeur du territoire, mais encore là, on trouverait des iniquités topographiques avec tous les territoires non organisés qui ne reflètent pas la réalité des besoins de certaines municipalités. Là comme ailleurs, le cas par cas, après répartition, demeure la solution la plus acceptable. Encore faut-il que les villes, ces créatures provinciales, démontrent leur capacité à bien s’administrer avant de solliciter de l’aide financière supplémentaire.

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