Samedi, 27 juillet 2024

Chroniques

Temps de lecture : 2 min 32 s

As-tu ton épipen ?

Le 17 mai 2024 — Modifié à 15 h 00 min le 17 mai 2024
Par Stéphanie Gagnon

Quand j’étais jeune, il n’y avait qu’un petit faiblard dans ma classe au primaire qui était allergique aux piqures de guêpes.

Le reste des enfants, on pouvait licher du gluten ou se rouler dans les acariens sans trop se mettre en péril.

On s’en foutait des traces d’arachides dans le chocolat à l’Halloween, on se méfiait uniquement de trouver des aiguilles au travers de nos bonbons.

Cette belle époque est révolue, pour moi et pour plein d’autres. Passé la vingtaine, je me suis mise à accumuler les allergies comme ma grand-mère collectionnait les cloches (deux collections inutiles si on demande mon avis) si bien qu’un bracelet MedicAlert ne suffit plus à les lister. Je pourrais me promener à temps plein en homme-sandwich, pour autant que ce sandwich ne comporte ni poissons-crustracés-mollusques-kiwi- noix-de-Grenoble-chat-zèbre.*

Un ménage canadien sur deux doit composer avec l’allergie alimentaire d’un ou plusieurs de ses membres. Avec toutes les problématiques que ça comporte.

Ça fait tout un tas de gens ça, qui doivent se protéger de… De n’importe quoi en fait, au gré des caprices du système immunitaire de chacun.

L’allergie est une réponse défensive contre des protéines présentes dans les aliments, qui n’ont rien de dangereux à la base, si ce n’est que pour une raison inconnue, le corps se met à les identifier comme une menace à éliminer.

C’est un peu comme si une alerte incendie était déclarée à la caserne, et que rendus sur les lieux, les pompiers se mettaient à arroser sans fin une maison dans laquelle il n’y a aucun feu.

Le danger, c’est qu’on ne peut jamais prévoir la gravité d’une réaction allergique. Et les allergies, à ce jour, ne se guérissent pas.

Je lui parle, à mon système immunitaire, d’un ton apaisant : « Calme-toi mon beau. Ce homard ne te veut aucun mal. Regarde-lui les belles pinces, prêtes à tremper dans le beurre à l’ail. Lui et ses oméga-3 veulent notre bien tu sais ? »

Il est intraitable. Et préfèrera me tuer que de me donner raison.

Comprenez-moi bien, dans le lot de toutes les problématiques de santé qui peuvent survenir dans une vie, les allergies sont un très moindre mal. Tellement que je me suis demandé à savoir si, dans toutes les causes qui méritent visibilité, parler des allergies était vraiment nécessaire.

Dans ce mois de sensibilisation aux allergies alimentaires (sensibiliser aux allergies, y’a tu juste moi qui trouve ça drôle? Hihu.) j’ai appris que l’OMS prévoit une tendance très inquiétante, selon laquelle, en 2050, 50% de la population mondiale sera allergique à quelque chose, contre 25 à 30% aujourd’hui.

La pollution, les changements climatiques, l’exposition accrue aux substances chimiques et l’hygiène excessive sont pointés du doigt pour expliquer cette explosion.

Le constat est préoccupant, surtout qu’il y a une recrudescence des allergies dites émergentes, c’est-à-dire celles qui ne font pas partie des 11 allergènes prioritaires à déclaration obligatoire sur les étiquettes des produits de consommation courante au Canada. (Oeuf, lait, moutarde, arachide, mollusques et crustacés, poissons, graines de sésame, soja, sulfites, noix, blé et triticale.)

Si ça vous intéresse d’en apprendre davantage, y’a du bon matériel disponible gratuitement sur allergiesalimentairescanada.ca.

Ça permet entre autres d’être mieux outillé pour prévenir ou réagir à une allergie, et mieux comprendre la différence par exemple entre une intolérance et une allergie. Et la raison scientifique de pourquoi je serai incommodée par le pâté au saumon qu’on fait réchauffer dans le micro-onde du bureau. (C’est un très mauvais exemple, puisque ça, ça incommode tout le monde).

Je porte un toast sans gluten ni sulfites à cette belle fin de mois de la sensibilisation aux allergies alimentaires.

*Note à mon amie-collègue Alexandra : tu n’es pas allergique à la coriandre. C’est juste tes papilles qui sont immatures.

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