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Les troubles alimentaires en forte croissance

Les réseaux sociaux, la bête noire de la perception de soi

Sara-Léa Bouchard
Le 07 juin 2025 — Modifié à 08 h 00 min le 07 juin 2025
Par Sara-Léa Bouchard - Journaliste

L’équipe derrière l’organisme Anorexie Boulimie Saguenay est confrontée à une réalité qui persiste et se renforce à l’ère des réseaux sociaux. La présence accrue des jeunes sur ces plateformes alimente le risque de développement de troubles alimentaires. 

« Certaines personnes accordent de plus en plus d’importance à leur image corporelle et à la façon dont ils s’alimentent, ce qui peut altérer leur perception d’eux-mêmes et leur santé mentale », affirme la nouvelle coordonnatrice de l’organisation, Meggie Torresan.  

Les femmes sont plus à risques de développer ce genre de comportements que les hommes, et ce pour plusieurs raisons.  

« Les pressions sociales, l’hypersexualisation, l’âgisme, la grossophobie de plus en plus présente, les commentaires sur le poids, les facteurs hormonaux, comme la grossesse, la puberté et la ménopause, sont tous des éléments qui entrent en ligne de compte ». La coordonnatrice ajoute la clientèle (14 ans et plus) que traite Anorexie Boulimie Saguenay est composée à 92% de femmes. Les hommes sont aussi concernés, mais souvent sous diagnostiqués.  

En 2024, ce sont près de 135 personnes qui ont eu recours aux services offerts par Anorexie Boulimie Saguenay, dont 75% en provenance du Saguenay, 20% dans Lac-Saint-Jean Est, 8% du côté du Fjord-du-Saguenay, et 7% pour la MRC Maria-Chapdelaine et Domaine-du-Roy. La clientèle passe d’abord par une rencontre initiale, qui correspond à la première étape de la demande d’aide au sein de l’organisme et est primordial afin de bien l’orienter dans ses prochaines démarches. Elle permet l’évaluation psychosociale de l’individu pour faire ressortir les besoins premiers ainsi que le niveau de souffrance immédiat. Après cette évaluation, l’intervenante est en mesure de mieux classifier les besoins de la personne et la diriger vers les services les plus adaptés à sa situation. Des rencontres de groupe (axées sur le trouble alimentaire ou l’estime de soi) ou des rencontres individuelles sont alors proposées.  

Parallèlement, ce sont 1172 personnes qui ont été touchées par les ateliers de sensibilisation et de prévention mis en place par l’organisme sur le territoire. Depuis janvier, une dizaine de personnes participent au Café-causerie, qui se déroule à chaque lundi.   

L'an dernier, 435 prises de contact ont été effectuées pour des demandes d’information, et 36 références ont été données pour un accompagnement direct et une prise en charge, des chiffres qui font ressortir la gravité de la situation dans la région.  

« Notre équipe remarque une forte augmentation de la demande, qui selon nous, est dû à la prise de conscience de notre société par rapport à la réalité des troubles de comportement alimentaire et ses impacts sur les individus de tous âges et tous genres confondus », explique Mme Torresan.  

Un délai d’attente de six mois  

Les délais d’attente pour obtenir de l’aide peuvent varier, tant au privé que dans les services publics. Cela peut s’étendre à plus de six mois.  

« C'est long, mais nous sommes confiantes que mon arrivée en poste permettra de libérer les plages horaires de nos deux intervenantes afin de mieux répondre aux besoins », informe Meggie Torresan.  

Comptant un total de 115 membres, le bureau de Saguenay bénéficie de la présence d’une technicienne en travail social, d’une intervenante et d’une nutritionniste.

Une nouvelle coordination à la tête de l’organisme 

Une nouvelle coordonnatrice fait son entrée à la tête de l’organisme Anorexie Boulimie Saguenay-Lac-Saint-Jean situé dans l’arrondissement de Chicoutimi. En fonction depuis la fin mars, Meggie Torresan aborde déjà son rôle avec une vision humaine et structurée.  

« Je suis honorée de joindre une équipe aussi engagée. Les enjeux entourant les troubles de comportements alimentaires sont complexes, mais essentiels à adresser avec cœur, collaboration et détermination », rapporte Mme Torresan.  

Forte d’une solide expérience en communications, en marketing, en concertation ainsi qu’en développement de projets touristiques, culturels et municipaux, la principale intéressée représente un atout précieux pour l’équipe en place.  

« Dans ma vie personnelle, j’ai eu à recevoir des services d’un organisme communautaire de la région, ça m’a vraiment parlé. Je ne cherchais pas nécessairement un emploi à ce moment-là, mais quand j’ai vu le poste ouvert du côté d’Anorexie Boulimie Saguenay, c’est tout de suite venu me chercher. Je trouve que c’est une cause qui n’est pas assez mise de l’avant, pourtant, c’est tellement dans l’ère du temps », témoigne-t-elle.  

Décloisonner les idées reçues pour avancer  

Ayant maintenant pris les rênes de l’organisme, Mme Torresan ne manque pas d’idées en ce qui concerne l’avenir d’Anorexie Boulimie Saguenay-Lac-Saint-Jean. Son parcours professionnel, alliant stratégie, gestion de partenariats et mobilisation de différents secteurs d’activité lui permet de voir grand.  

« Je veux aller chercher d’autre financement, de nouveaux horizons, mais surtout une nouvelle clientèle. Dans les dernières années, les services étaient surtout concentrés au Saguenay, mais depuis mon arrivée en poste, on vise la région au complet, donc davantage dans le secteur du Lac-Saint-Jean. L’accessibilité au niveau régional, je trouve ça très positif. On va essayer de développer des partenariats en ce sens-là. » 

Un plan stratégique avec une vision sur trois ans est déjà dans les cartons, ce qui promet une évolution certaine pour toutes les facettes de l’organisme.    

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