C’est reparti pour un nouveau voyage diplomatique à l’étranger. Mark Carney a effectué sa première mission en Asie, où il s’est notamment rendu en Malaisie pour prendre part au sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE).
Mais que fait le Canada, un pays situé en Amérique du Nord, à une réunion qui peut sembler bien loin de notre réalité? À une époque où l’on cherche résolument à diversifier nos marchés commerciaux, la réponse coule de source.
Un partenaire « fiable »
Devant les dirigeants réunis à Kuala Lumpur, le premier ministre Mark Carney a présenté le Canada comme un partenaire sur lequel peuvent se fier les pays asiatiques pour commercer. Il est là, le nerf de la guerre (commerciale) : alors que notre plus gros client se replie sur lui-même, on se rue vers d’autres acheteurs potentiels.
Les derniers mois ont exacerbé quelque chose que l’on connaissait, mais que l’on ne considérait pas comme problématique outre mesure : notre immense dépendance aux États-Unis. D’un côté, une telle position était normale vu notre situation géographique et des relations qui étaient, jusqu’au 20 janvier dernier, cordiales. D’un autre côté, l’évidence est qu’il vaut mieux ne jamais mettre tous ses œufs dans le même panier, même dans celui d’un ami de longue date.
Avec ce retour du protectionnisme américain, maintenant à son paroxysme, c’est la course à la diversification des marchés mondiaux. Le gouvernement canadien met les bouchées doubles pour renforcer ses liens avec l’Union européenne, mais ça ne suffira guère à remplacer, même en partie, la part qu’occupait le géant américain.
Rattraper le retard
C’est pourquoi l’Asie devient une région particulièrement attrayante pour nous. La situation géographique du Canada permet d’exporter des marchandises à partir des ports de la côte ouest qui borde l’océan Pacifique. C’est un avantage concurrentiel clair.
Une chose cloche toutefois. Pourquoi n’avons-nous pas cru bon d’élargir nos marchés et d’entretenir nos relations avec l’Asie plus tôt? Tout porte à croire que nous nous sommes endormis dans le confort d’un partenaire commercial que l’on tenait pour acquis. Mark Carney en est maintenant à rattraper le retard accumulé, à présenter qui nous sommes et à bâtir une confiance avec de nouveaux clients qui prendront de plus en plus d’importance dans le monde.
Le Canada aura également à étendre ses relations et ses échanges avec le continent africain, en pleine expansion démographique et économique. Cette stratégie a pour objectif d’assurer un modèle commercial viable et durable à long terme, ce qui est à propos puisque la situation ne semble pas près de se stabiliser avec notre voisin du sud. La semaine dernière, une publicité diffusée par le gouvernement de l’Ontario aux États-Unis a piqué au vif Donald Trump, qui a haussé les droits de douane imposés au Canada.
Cependant, une variable demeure inconnue. Si le Canada, en froid commercial avec la Chine, veut tenter de recréer un lien avec cet autre géant, que serait-il prêt à concéder pour rebâtir la confiance?