Après une attente insoutenable dimanche soir, c'est finalement aux petites heures de la nuit que les citoyens et citoyennes de Saguenay ont pu découvrir l'identité de leur nouveau maire, selon la dernière mise à jour du Directeur des élections. Luc Boivin devient donc le maire de la ville, avec une avance de 232 votes, pour 44,05% des voix.
Andrée Laforest termine au 2e rang, avec 43,69% des votes en sa faveur. La porte-parole Marie-Pier Rondeau explique qu’au total 530 urnes ont été dépouillées sur l’ensemble du territoire de la ville de Saguenay. Durant le processus, quinze relevés de dépouillement sur les 530 ont nécessité une attention supplémentaire. Le Bureau de la présidente d’élection a demandé le rapatriement de quatre boîtes de scrutin et tous les documents afférents. On parlait notamment dans la nuit de lundi de 4 000 votes. Cette procédure de vérification a entraîné une interruption temporaire du dépouillement, retardant ainsi l’annonce des résultats finaux. Le processus s’est ensuite poursuivi normalement. Cette opération a ainsi permis d’assurer l’intégrité du processus démocratique et prendre en compte chaque vote des citoyens de la ville de Saguenay.
Au courant de sa campagne, M. Boivin a parlé de la fierté d'être Saguenéen et mise sur la croissance économique pour mettre fin au déclin de la ville et au départ de ses habitants vers une autre région.
« Je suis très content du travail qui a été effectué. Nous sommes partis de loin, mais nous avons réussi à convaincre beaucoup de gens », rapporte-t-il. En conférence de presse lundi matin à l'Hôtel de ville de Chicoutimi, l'ex-propriétaire de la Fromagerie Boivin entend utiliser ces quatre années à bon escient pour rallier davantage de personnes derrière lui.
« On va avoir quatre ans pour prouver qu'on est digne de la fonction. Je serai un maire rassembleur. Vous savez, Mme Laforest était une candidate de très grande qualité. Pour le reste, il faut saluer le taux de participation des électeurs de Saguenay, qui était à un niveau des plus élevé au Québec. Je suis fier du mandat qui m'est donné », assure-t-il.
Au moment d'écrire ces lignes, la cheffe de l'Équipe du Renouveau Démocratique (ERD), Christine Basque, termine au 3e rang avec 6,82 % des votes.
La mairesse sortante de Saguenay, Julie Dufour, récolte quant à elle moins de 3% des voix, se contentant de 1576 votes après sa victoire contre Josée Néron en 2021. Elle et son équipe s'étaient rassemblés au restaurant l'Hopera de Jonquière pour l'occasion, tout comme il y a quatre ans. En milieu de soirée, celle-ci se disait encore confiante de pouvoir entamer un deuxième mandat à la tête de la ville.
« Je pense encore que je suis celle qui possède le plus de compétences pour gérer cette ville-là. Maintenant, il y a à peu près 30 jours, on annonçait qu’il n’y aurait pas de course, à la suite de certains débats, mais je pense que les citoyennes et citoyens méritent de faire ce choix », a-t-elle émis.
Jacques Pelletier, ancien gestionnaire et cofondateur du mouvement Chicoutimi, ferme la marche avec 643 votes exprimés, soit moins de 1%.
Le développement économique, une priorité
Le nouveau maire désigné a pu rappeler quelques-uns de ses engagements électoraux lundi, étant prêt à laisser savoir ses idées et surtout, à les concrétiser en renforçant les partenariats. Il a entre autres réitéré qu'il veut faire de Saguenay la métropole nordique du Québec et qu'il compte mettre de l'avant le développement économique. Celui qui était entouré de conseillers réélus ou nouvellement élus lors de son allocution veut aussi que la ville contribue à l'essor du projet de lien ferroviaire du corridor du nord. M. Boivin souhaite également doter la zone industrialo-portuaire de Saguenay d'infrastructures en eau et en électricité. De plus, ce dernier s'est engagé à ne pas augmenter les taxes municipales au-delà de l'inflation (IPC), ni d'ajouter de taxe sur l'immatriculation des véhicules.
L'homme d'affaires, qui faisait partie de la garde rapprochée du maire Jean Tremblay, persiste et signe sur un point en particulier: donner plus de pouvoirs aux trois arrondissements de Saguenay grâce, notamment, à des budgets alloués aux conseillers pour dynamiser leur milieu.
Luc Boivin dit aussi vouloir contacter le chef du conseil de bande de Mashteuiatsh au cours de la semaine, comme il l'a fait avec le préfet de la MRC du Fjord-du-Saguenay et maire de Bégin, Gérald Savard. Il veut organiser une rencontre avec la mairesse sortante, Julie Dufour, afin d'avoir l'heure juste sur les projets et les plans en cours ou encore prévus de se concrétiser.
« Nous travaillerons tous en collaboration pour assurer le développement de la ville et pour bâtir tout ce qu'il faut pour que Saguenay soit reconnue. On est sur un territoire innu et je m'engage à appeler le chef de bande de Mashteuiatsh pour s'assurer que les communautés autochtones soient présentes dans le développement de notre région. On parle du Corridor du Nord. Il faut que tous ensemble, on embarque dans l'autobus pour aller à Ottawa pour convaincre le gouvernement des investissements nécessaires, de la sécurité nationale au niveau des minéraux stratégiques et du corridor énergétique. »
Andrée Laforest attend des réponses du DGEQ
Celle qui talonne Luc Boivin dans la course, Andrée Laforest, tient tout de même à féliciter l'ensemble des candidats pour cette soirée d'élection, qu'elle qualifie de difficile et parfois confuse. Mme Laforest ne peut passer sous silence les nombreuses irrégularités et incohérences observées tout au long du processus électoral, particulièrement lors du dépouillement et de la transmission des résultats. « Ce n’est pas le verdict des urnes que je questionne, mais la façon dont l’élection s’est déroulée. Le manque de rigueur et de cohérence observé, soulève des inquiétudes légitimes. » Elle mentionne notamment la présence de plus de 1 350 bulletins de vote rejetés, un nombre exceptionnellement élevé qui, selon elle, commande un examen attentif.
« Lorsqu’un écart de seulement quelques centaines de voix sépare les candidats, et qu’autant de bulletins sont rejetés, il est essentiel de s’assurer que chaque vote exprimé ait bien été compté. »
Elle se questionne également sur l’information transmise par les autorités électorales à 1 h 50 du matin, faisant état d’un écart de plus de 4 000 votes encore non comptabilisés à ce moment. Mme Laforest indique qu’elle attend les réponses à certaines questions posées à la directrice des élections de Ville Saguenay, avant de se positionner.
« Une telle situation est inhabituelle et préoccupante. Les citoyens de Saguenay ont droit à des explications claires sur la manière dont les résultats ont été compilés et communiqués », ajoute-t-elle.
Elle conclut en remerciant sincèrement les citoyens, bénévoles et membres de son équipe pour leur engagement exemplaire tout au long de cette campagne. « J’ai mené cette campagne avec cœur, respect et conviction. Je suis fière du mouvement que nous avons bâti ensemble pour Saguenay ».
De son côté, Luc Boivin concède que si un recomptage des votes est demandé, qu'il allait collaborer sans problème. Il admet que certaines questions seront posées afin de comprendre qu'est-ce qu'il s'est réellement passé lors de la soirée électorale de dimanche.
Un vent de fraîcheur au sein du conseil municipal
Il s'agit d'autant plus d'un vent de renouveau qui souffle sur le conseil municipal. À savoir que seuls Carl Dufour (district 5), Serge Gaudreault (district 7), Michel Tremblay (district 9), Jacques Cleary (district 10) et Raynald Harvey (district 13) ont été réélus. Sans oublier que les conseillers jonquiérois Claude Bouchard (district 2) et Michel Thiffault (district 3) ont été élus par acclamation. Et de pouvoir être aux premières loges de ce grand changement, ce n'est pas rien, se réjouit M. Gaudreault.
« Pour moi, c'est le paradis ! Tout va être plus facile maintenant. Il y a déjà une ambiance et surtout, on va se sentir écouté », souligne-t-il.
Les femmes sont également plus nombreuses à siéger aux postes d'élus, alors que parmi les huit nouveaux conseillers, cinq sont des femmes: Audrey Lapointe (district 6), Cathy Fortin (district 8), Joan Simard (district 11), May Gagnon (district 12) et Renée Simard (district 14).
« C'était difficile à Saguenay pour les femmes, non seulement pour se présenter, mais aussi pour accéder au pouvoir. Juste à Chicoutimi, on va être trois femmes et trois hommes, on a la parité au niveau de l'arrondissement. Je trouve que c'est une très belle avancée », atteste Joan Simard.
Daniel Tremblay-Larouche (district 1), Alain Doré (district 4) et François Fortin (district 5) ont également été élus comme conseillers.
Par ailleurs, ce fut une défaite cuisante pour l'Équipe du renouveau démocratique (ERD), alors qu'aucun des 11 candidats n'a été élu dans les districts de la ville.
