Vendredi, 05 décembre 2025

Actualités

Temps de lecture : 2 min 45 s

Insécurité alimentaire

La situation ne dérougit pas dans les cégeps du Saguenay

Émile Boudreau
Le 30 octobre 2025 — Modifié à 08 h 00 min le 30 octobre 2025
Par Émile Boudreau - Journaliste

En quelques années, les cégeps de Jonquière et de Chicoutimi ont constaté une hausse des besoins de leur clientèle devant une insécurité alimentaire grandissante.

Au Cégep de Chicoutimi, la précarité alimentaire parmi la population estudiantine a commencé à se faire sentir dès 2019. À l’époque, l’Association générale des étudiantes et étudiants du Collège de Chicoutimi (AGEECC) avait constaté que certains étudiants dépendaient entièrement des collations offertes par l’organisation pour se nourrir durant la journée.

Depuis, la situation s’est aggravée, poussant l’association étudiante à multiplier les initiatives pour répondre à une demande croissante. Guignolée annuelle, paniers de Noël, création d’un frigo solidaire alimenté par la communauté collégiale : les efforts se sont intensifiés au fil des années, mais demeuraient insuffisants pour répondre à la problématique.

Selon Isabelle Blackburn, coordonnatrice permanente de l’AGEECC, la précarité alimentaire affecte aujourd’hui une part beaucoup plus large de la population étudiante qu’auparavant.

« Même nos Québécois qui viennent ici ont de la difficulté, souligne-t-elle. Ce n’est pas une situation qui touche seulement les étudiants internationaux ou les étudiants autochtones. C’est très large », ajoute-t-elle, précisant que le coût des logements et de l’épicerie sont les premiers éléments aggravants de cette crise.

Cégep de Jonquière

Quant au Cégep de Jonquière, même si le nombre d’étudiants ayant recours à l’aide alimentaire est demeuré stable au cours des deux dernières années, la situation reste préoccupante et les perspectives d’amélioration à court terme sont faibles. Le cégep anticipe même une possible hausse des demandes dans la prochaine année.

« Nos étudiants sont exposées à la même réalité que la société en général. », explique Sophie Huppé, directrice adjointe des études et de la vie étudiante au Cégep de Jonquière. « Hausse du coût de la vie, du panier d’épicerie, des loyers… tout ce qui a suivi la pandémie a affecté notre clientèle étudiante de la même façon. », poursuit-elle.

Cette dernière souligne également que la difficulté à trouver un emploi étudiant dans la région, combinée à l’augmentation du prix du matériel scolaire et des produits d’hygiène féminine, accentue la précarité.

« Même si l’on s’éloigne des bordures du cégep, on se rend compte qu’il y a moins d’emplois disponibles pour nos étudiants », observe-t-elle.

Des solutions pour soutenir les étudiants

Pour répondre à la montée de l’insécurité alimentaire, les deux cégeps ont mis sur pied une variété de programmes et d’initiatives d’aide.

Depuis deux ans, le cégep de Jonquière mise principalement sur l’Échoppe alimentaire, une initiative basée sur le concept des banques alimentaires rendue possible grâce à la contribution de la Fondation Asselin et de Moisson Saguenay.

Les étudiants peuvent s’y inscrire via un formulaire afin de récupérer chaque semaine une diversité d’aliments répondant à leurs besoins durant des plages horaires élaborées en fonction de leurs heures de cours.

« On ne veut pas qu’ils manquent des heures de classe pour pouvoir venir chercher de la nourriture », explique Sophie Huppé.

L’établissement a également mis en place des cuisines collectives mensuelles qui accueillent entre 60 et 100 étudiants à chaque séance.

« Les personnes étudiantes apprennent à cuisiner et à utiliser des produits qu’on retrouve dans nos épiceries en plus de recevoir des conseils pour mieux magasiner et exploiter au maximum leur panier. », renchérit Sophie Huppé.

Pour sa part, le Cégep de Chicoutimi a, dans la dernière année, officialisé un partenariat avec Moisson Saguenay à la suite d’un long processus administratif mené par l’AGEECC.

« Maintenant, chaque semaine, je vais chercher entre 500 et 700 kilos de nourriture qu’on place dans notre frigo solidaire et dans notre garde-manger », explique Isabelle Blackburn.

L’aide alimentaire offerte au Cégep de Chicoutimi s’est aussi diversifiée avec la remise de cartes-cadeaux d’épicerie aux étudiants les plus en difficulté.

Grâce à ces initiatives, la gêne qui pouvait entourer le fait de demander de l’aide alimentaire semble s’estomper sur le campus du cégep. Certains étudiants se rendent même au frigo solidaire quotidiennement.

« Il n’y a plus de honte, tout le monde vient se servir. Ils savent que c’est pour les aider et qu’ils en ont besoin. », observe Isabelle Blackburn.

Abonnez-vous à nos infolettres

CONSULTEZ NOS ARCHIVES