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Des créations qui voyagent en Afghanistan

Serge Tremblay
Le 05 mai 2023 — Modifié à 13 h 12 min le 05 mai 2023
Par Serge Tremblay - Rédacteur en chef

À 97 ans, Gemma Fortin maitrise l’art du tricot depuis maintenant trois ans. Elle peaufine sa technique par le biais de quatre heures de « pratique » chaque jour. Les ensembles qu’elle fabrique sont ensuite expédiés en Afghanistan, pour les bébés et les enfants.

« Ce sont des religieuses laïques qui viennent chercher mes créations en tricot. Ensuite, avec des bénévoles, elles les font transférer là-bas. Avant ça, le transport se faisait par bateau, mais la marchandise ne se rendait pas au pays. Tandis que là, le transfert se fait par camion et ça se rend à destination. C’est un trajet d’environ 10 à 12 jours », explique-t-elle.

La résidence pour ainés le Château Dubuc à Chicoutimi reçoit un certain montant d’argent à cet effet. Cette somme est ensuite réservée aux religieuses laïques qui s’occupent de fournir Mme Fortin en laine à tricoter.

« La laine est apportée ici, dans la résidence. Quand j’ai besoin, je téléphone et je demande le nombre de pelotes de laine et les couleurs que je veux. On est vraiment gâté. La laine, ce n’est pas ça qui manque. »

Une fois en Afghanistan, les bénévoles prennent en charge le don des ensembles tricotés. La vente peut également être faite à des coûts variant de 25 à 50 cents.

Une passion qui n’arrête pas

Au départ, Gemma Fortin avait commencé à suivre des cours de tricot dans l’établissement de retraite, avec deux autres dames qu’elle affectionnait particulièrement.

« L’institutrice nous avait interpellée pour venir prendre ses cours. On a fabriqué des guirlandes de Noël, des pots pour les plantes et des petits plats pour y mettre ce que l’on voulait. Ça fait un an que je suis seule pour tricoter maintenant. »

L’une de ses chères amies, décédée il y a peu de temps, lui a permis de perpétuer son loisir et de poursuivre les voyages par camion des vêtements en laine jusque de l’autre côté de l’Atlantique.

« Mme Colette était parfaite avec moi. Elle me montrait tout ce qu’elle savait de nouveau, elle m’expliquait bien et je m’améliorais. J’étais rendu seule, oui, mais je m’étais dit que j’allais continuer pareil! Pourquoi niaiser, comme on dit. Je me berce et je tricote! », s’exclame la nonagénaire.

Avec l’attachement vient le détachement

Bien que Gemma Fortin se dédie plus que tout à la confection de petits vêtements de laine, les voir partir tous les mois lui fait toujours autant de peine.

« Ça m’agace de voir mes créations s’en aller. Je m’y suis attachée avant de les faire, pendant et après. C’est vraiment quelque chose de vivre ça. »

Toutefois, la joie demeure lorsqu’elle pense aux enfants qui pourront profiter des robes, des pantoufles, des mitaines, des couvertures et des ensembles qu’elle a tricotées avec amour.

« Je suis contente, parce que ça va leur faire plaisir et ça va les protéger du froid de l’Afghanistan. J’espère qu’ils vont être heureux. Pour moi, c’est très valorisant. Ça me dit que je suis encore capable de faire quelque chose, même à 97 ans », conclut-elle en souriant.

Un talent naturel

Mme Fortin a développé un talent naturel pour le tricot pendant ses années d’apprentissage. Elle compte profiter de ce don tant qu’elle le pourra.

« J’invente tous mes tricots. Je n’ai pas de patron. C’est ma tête qui me sert de patron. Je confectionne les ensembles et les couvertures en une semaine seulement. Ce sont des modèles qui prennent beaucoup d’attention et bien du calcul. C’est ça que ça prend! Je les vois dans ma tête, ensuite je choisis les couleurs. Je le fais avec cœur, et je le fais pour le bon Dieu. Ça me fait gagner mon ciel! »

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