Vendredi, 26 avril 2024

Chroniques

Temps de lecture : 1 min 50 s

Lettre à MontréalIssime

Le 16 mars 2023 — Modifié à 08 h 44 min le 16 mars 2023
Par Mélyna Girard

Chronique

Je vous le dis, la tentation fut grande de coucher sur papier une diatribe calomnieuse contre la direction de la Place des Arts, à la suite du retrait soudain (pour ne pas dire sauvage) du spectacle Décembre de QuébecIssime. Une décision, devine-t-on, d’une certaine élite montréalaise. Bien que cette décision puisse sembler choquante, froissante, blessante ou à tout le moins questionnable, il m’apparut contre-indiqué de tomber dans les insultes de bas étage. Trop facile aussi.

Quasi quotidiennement, je lis, chez les chroniqueurs des grands journaux et sur les réseaux sociaux, des mots écrits au vitriol, contre ceci ou cela, contre celui-ci ou celui-là. Je n’ai jamais trouvé que les injures servent le propos. Je crois plutôt que, comme la violence physique, la violence verbale ne constitue pas un argument valable. Il me semble que lorsqu’on laisse parler la colère, trop souvent on tombe dans l’exagération, or tout ce qui est exagéré devient insignifiant.

Non, en fait, j’ai eu à l’inverse le goût d’écrire de belles choses aux Montréalais, en particulier celles et ceux à l’origine de la suppression de Décembre. Ceux que je surnommerai « MontréalIssime ».

Car depuis deux semaines la « saga » QuébecIssime provoque un certain glissement menant à un débat Montréal vs Régions.

Or ne croyez surtout pas, cher MontréalIssime, chers citadins, qu’on n’aime pas votre ville. Oh que non! Bien au contraire! Nous l’aimons tellement que nous avons financé sans broncher, avec nos modestes moyens, via nos taxes et impôts, une partie de vos installations olympiques, de votre métro, de votre nouveau pont Champlain, des réparations sur votre échangeur Turcot, de votre Musée des Beaux-Arts, de votre nouvelle bibliothèque, et aussi, oui-oui, de votre nouvelle Maison symphonique, située justement dans le quartier des spectacles.

Sérieux, profitez-en bien! Et ne vous en faites surtout pas pour nous, on s’est débrouillé pour convertir un ancien aréna à La Baie et retaper un peu une salle de cégep à Chicoutimi pour accueillir nos spectacles d’envergure. C’est bien assez pour nous.

Ah oui, en passant, il nous fait plaisir de savoir que vous profitez de la présence des sièges sociaux de nos grandes compagnies, dont les usines sont implantées chez nous, bien visibles avec leurs grandes cheminées. Assurez-vous aussi de bien traiter les milliers d’employés des bureaux-chefs de nos institutions financières. Après tout, ils gèrent notre épargne!

S’il vous plait, prenez soin de nos fonctionnaires dont vous bénéficiez de la présence et n’oubliez pas de dorloter nos enfants qui envahissent vos campus universitaires.

Et en terminant, pardon d’avoir proposé un spectacle ayant obtenu un succès phénoménal avec des personnages à majorité blancs, Québécois de souche et genrés. On sait maintenant que ça ne passe plus. Message reçu.

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