La politique municipale ne sied définitivement pas à tout le monde. La démission de la mairesse de Gatineau, France Bélisle, s’ajoute à une liste impressionnante de personnalités du milieu politique municipales qui rendent les armes depuis le début de l’année.
Il s’agit de la dixième démission cette année au Québec. Près de 800 élus depuis le début de ce mandat sur 8 000 au Québec, selon l’Union des municipalités. Il y a de quoi soulever un questionnement sur l’avenir de la politique municipale au Québec, mais la décision de Mme Bélisle ne doit pas laisser croire que la situation s’applique seulement aux conseils municipaux.
Les réseaux sociaux
Quand on prend connaissance de tout ce qui s’écrit et se dit sur les réseaux sociaux, on comprend que beaucoup de politiciens regrettent la disparition des médias traditionnels. Autant du côté fédéral, provincial, ou municipal, les propos haineux ne manquent pas de la part d’opposants sans scrupules.
Mais, les réseaux sociaux ne sont pas la seule cause de cette nouvelle ère de harcèlement et d’intimidation sous couvert et parfois même à voile levé. Dans le cas de Mme Bélisle notamment, le soulèvement était prévisible. Elle dirigeait une ville où le parti des opposants détenait la majorité autour de la table du conseil. Imaginez un peu le premier ministre du Québec dirigeant un gouvernement où l’opposition est majoritaire.
Les partis politiques
Appelé à donner sa lecture de cette tendance à la démission chez les élus municipaux, l’ex-maire, Jean Tremblay, identifiait, sur les ondes de la station radio 92,5, les partis politiques comme la principale cause des tensions et défections chez les maires et conseillers des villes du Québec.
Il se rappelle que l’atmosphère a changé autour de la table du conseil après l’arrivée de la chef de l’Équipe du renouveau démocratique, Josée Néron, en 2013. Il y avait aussi des opposants indépendants, comme Julie Dufour, Christine Boivin et François Tremblay. Avec les 15 autres conseillers, le maire Tremblay avait réussi des alliances à la pièce ce qui lui procurait tout de même une majorité à la table du conseil.
En 2017, l’ERD n’a fait élire que trois candidats et le Parti des citoyens, un seul. Les nouveaux venus étaient tous indépendants. La population de la ville de Saguenay venait d’indiquer qu’elle se montrait réticente aux partis politiques municipaux.
Dépenses supplémentaires
En 2020, un seul conseiller, Marc Bouchard, est parvenu à se faire élire sous l’étiquette d’un parti qui bénéficie tout de même d’un financement de 350 000 $ de la part de la Ville. Une coquille juridique qui obtient en plus d’autres avantages comme des bureaux, des outils de travail et, bien sûr, de ressources humaines.
Malgré les avantages financiers qu’il procure à son représentant, le poids politique du représentant de l’ERD ne peut rivaliser avec les indépendants. Au départ, les partis politiques ont été créés pour favoriser les débats et la vie démocratique. Encore faut-il que la base militante soit active tout le long des mandats. Ce qui n’est guère le cas dans toutes les municipalités du Québec et sûrement pas à Saguenay.
On le constate chaque jour, en politique il faut avoir la couenne dure avec un brin de diplomatie pour passer à travers la démagogie populaire. On doit aussi posséder un bagage d’expérience et de connaissances pour savoir convaincre.
Car, uniquement les maires ou mairesses qui parviennent à rallier la majorité des conseillers pourront espérer survivre à l’opposition dont les propos, parfois mal choisis, alimentent la vindicte sur les réseaux sociaux. Mme Bélisle l’a cruellement constaté.