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Barbier de père en fils: une affaire de gars à St-Honoré

Le 19 novembre 2021 — Modifié à 20 h 18 min le 19 novembre 2021
Par Marie-Ève Lavallée

À l’âge de 34 ans, Sébastien Girard troque ses outils de machiniste pour des ciseaux de coiffeur et suit les traces de son père Raymond Girard, barbier depuis 60 ans.

« Machiniste, c’est un travail de précision, les cheveux c’est de la précision. Ce sont juste les outils qui changent, » raconte le barbier.

Bien en vue sur le boulevard Martel à St-Honoré depuis 1978, le salon de coiffure unisexe Barbier Saint-Honoré fait office aussi de maison. C’est dans une ambiance familiale que Raymond Girard a manié ses instruments avec passion, exerçant son métier pendant soixante ans sans jamais regretter son choix.

« C’est ma tante qui nous coupait les cheveux quand j’étais petit. C’est grâce à elle que j’ai eu envie d’en faire mon travail, » raconte Raymond Girard en souriant.

Du côté de son fils, c’est à la suite d’une réflexion sur sa carrière qu’il décide d’amorcer un virage à 180 degrés en fermant définitivement la porte de la shop.

« Après avoir travaillé pendant 14 ans dans une usine, j’avais besoin de faire autre chose. Mon père n’avait pas de relève pour le salon… J’ai suivi une formation au privé et j’ai pris deux semaines pour essayer avec lui. Ç’a été un coup de cœur, j’avais besoin de ce côté social qui me manquait dans mon ancien travail, » explique-t-il.

Transformations du métier

C’est seulement depuis deux ans que le retraité de 79 ans a rangé son rasoir pour de bon. Ces années derrière une chaise l’ont amené à être témoin de plusieurs changements au sein de la profession de barbier.

« Dans les années 60, il fallait étudier à Québec pour être barbier. Le milieu de travail était très différent d’aujourd’hui. Il y avait un comité paritaire national à l’époque qui réglementait tout : les heures d’ouverture des salons, les salaires, les prix de coupe, etc. Même que les salons de coiffure pour hommes ne pouvaient pas prendre de femmes et vice-versa. »

Propriétaire depuis 1978, le doyen a pu aussi observer des cycles capillaires chez ses clients.

« Quand j’étais coiffeur chez Dubé barbier à Chicoutimi, nous avons vécu un gros creux de vague. Les directeurs des écoles avaient décidé de permettre les cheveux longs dans les milieux scolaires. On a vu notre clientèle baisser. »

Espace intime

Celui qui a vu grandir ses clients affirme occuper un rôle de thérapeute à l’occasion. Sébastien Girard, dorénavant l’unique employé du lieu de confidences, avance que la pandémie a même accentué le phénomène.

« Avec les mesures sanitaires, le salon étant petit, nous n’avons plus de salle d’attente comme avant. Souvent, je suis seul avec le client et ça jase beaucoup plus ».

Il n’hésite pas à dire qu’il connaît parfois toute la vie d’un client jusqu’aux problèmes les plus intimes.

Dans les mois à venir, le fils deviendra officiellement propriétaire de l’établissement, succédant à son père. Parions que la fougue du métier l’animera aussi longtemps que son mentor.

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