Vendredi, 26 avril 2024

Chroniques

Temps de lecture : 2 min 25 s

Les pleurs sans la pluie

Le 16 février 2023 — Modifié à 09 h 07 min le 16 février 2023
Par Mélyna Girard

Chronique

Ça vous arrive de vous repasser en boucle des clips sur YouTube qui vous émeuvent et qui vous font pleurer? C’est une espèce d’autoflagellation des temps modernes, mais qui, au lieu d’expurger les péchés, sert plutôt à susciter l’émoi, un sentiment, une vibration, une espèce d’ivresse. Ce qui sort de nos yeux ne sont pas des larmes de tristesse, c’est de l’émotion…

Ça m’arrive depuis une semaine. Je ne sais pas combien de fois j’ai visionné le segment de La Voix durant lequel la jeune beauté Sophie Grenier chante en audition, sa reprise de L’Oiseau avec Mario Pelchat.

Dans les années 80, comme la plupart des jeunes de mon âge, mes goûts musicaux allaient dans des directions très opposées des chansons de Mario Pelchat. Je mentirais en prétendant que je me jetais sur ses albums, quoique j’aimais bien ses tubes populaires. Je ne changeais pas de poste de radio lorsque jouaient Ailleurs, Reste-là, Voyager sans toi, Quand on y croit. Après tout, c’était un Jeannois lui-aussi, Mario était fonceur et il avait de l’ambition, je l’admirais pour ça.

Puis, au tournant des années 2000, j’ai eu l’occasion de le voir jouer Quasimodo dans Notre-Dame-de-Paris. Ce rôle, cette prestation exigeante et sans faille, fut une révélation pour moi. Je n’avais jamais vu Mario de cette façon. Je n’ai pas, et n’ai jamais vraiment eu la larme facile, mais j’ai dû me mordre la lèvre assez fort à ce moment-là pour éviter les sanglots lors de son interprétation du Pape des fous. Lors d’une entrevue après le spectacle, il me confia que délaisser pour un temps la chansonnette pour exploiter un filon un peu plus profond en interprétant un personnage culte de la littérature de Victor Hugo lui faisait le plus grand bien. Son goût pour les comédies musicales s’est d’ailleurs poursuivi avec Don Juan.

Bref le soir de Notre-Dame-de-Paris, il m’a eu. Le lendemain, je convainquis mon patron de produire une émission de télé spécialement sur lui, ce qui me permit de le côtoyer plus longuement, chez lui à Dolbeau, aux côtés de ses parents. Durant ma carrière j’ai dû effectuer environ une demi-douzaine d’interviews avec Mario Pelchat et toujours il fit preuve de disponibilité, de sincérité et de sensibilité.

L’artiste ne m’est jamais apparu blasé. Mario n’a jamais eu la grosse tête et à mon sens sa présence comme coach à La Voix donne cette saison beaucoup de crédibilité à l’exercice, considérant son expérience et ses qualités d’interprète, d’auteur et de producteur. Je n’ai rien contre Alex Nevsky, mais avec Mario, on est dans une autre ligue, une classe à part.

Le Dolmissois, 20 ans plus tard, a ainsi encore une fois mis de l’eau dans mes yeux, des pleurs sans la pluie… Je riais tout de même un peu en même temps de le voir pleurer lui-même, devant cette interprétation aussi parfaite qu’inattendue de L’Oiseau, qui fut mon premier 45 tours, juste avant celui de J’entends frapper de Pagliaro.

Un mot sur la jeune prodige : il serait prématuré de prétendre que Sophie Grenier a pris une sérieuse option sur la finale. Mais avouez qu’elle a tout; beauté, humilité, douceur, candeur, talent, une belle voix profonde, touchante.

J’ai lu plusieurs papiers critiquant le supposé manque de talent qu’offre l’édition 2023 de La Voix. Je ne suis pas d’accord. Plus on va avancer dans les étapes, plus les talents vont développer leurs styles respectifs et peaufiner leurs habiletés sous les conseils de leurs chefs d’équipe.

Et comme tout bon Jeannois, j’ai un parti pris pour Mario… et Sophie.

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