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Une rétention d’étudiants étrangers difficile dans la région

Jean-Philippe Tremblay
Le 17 mars 2023 — Modifié à 13 h 05 min le 17 mars 2023
Par Jean-Philippe Tremblay - Journaliste

Malgré un taux de 33% d’étudiants étrangers à l’Université du Québec à Chicoutimi, un nombre qui est en constante augmentation, le bassin de travailleurs étrangers issus de l’institution est très mince. Cette dernière recrute énormément à l’étranger, mais peine à contribuer à leur établissement en région.

Le manque d’offre socioculturelle est l’une des raisons évoquées par les étudiants venant de grandes villes européennes et africaines. Malgré des efforts faits par Saguenay comme « Saguenay, ville étudiante » qui sont de bonnes amorces de solution, la ville est vieillissante et les offres d’activités de divertissement sont peu nombreuses.

« C’est triste que ce soit l’une des principales raisons, on se fait dire que la ville est morte. C’est sûr qu’il y a certaines offres socioculturelles, mais elles sont peu nombreuses, très peu communiquées et difficilement accessibles pour ceux qui n’ont pas de voiture », indique le coordonnateur général du MAGE-UQAC, Alexis Diard.

Cet enjeu est également lié à celle de la mobilité urbaine. La région est particulièrement étendue et le réseau de transports en commun de la ville peine à offrir un service adéquat.

Beaucoup d’étudiants ne veulent pas se procurer de véhicules à essence par contrainte financière ou environnementale. Ils se retrouvent alors pénalisés autant pour participer à des activités de tout genre que dans la recherche d’emplois.

« On le sait que la STS est sous-financée par le gouvernement provincial, mais cela étant dit, c’est un cercle vicieux. Si les autobus passent seulement aux 30 minutes et que les circuits ne sont pas optimaux, les étudiants ne sont pas intéressés et ne les prennent pas. »

Difficile de s’intégrer

L’intégration socioprofessionnelle des étudiants étrangers est également un problème majeur dans leur rétention dans la région. Les écarts culturels peuvent parfois créer des problèmes d’adaptation majeurs dans la recherche ou dans la consolidation d’un emploi.

« On voit que certains écarts culturels peuvent être réellement déstabilisants pour certains étudiants qui viennent à en perdre leurs repères. »

Par exemple, chez les étudiants d’Afrique francophone, la hiérarchie est particulièrement importante autant dans le milieu familial que professionnel. Au Québec, on est de plus en plus porté par des hiérarchisations horizontales, ce à quoi ces étudiants ne sont pas familiers. Cela occasionnera de profondes divergences de perception et donc une certaine détresse psychologique.

Parmi les autres problèmes soulevés, on dénote la crise du logement qui fut longuement médiatisée dans les dernières semaines, principalement les abus de certains propriétaires envers des étudiants étrangers.

Mis à bout à bout, ces problématiques peuvent contribuer à décourager les étudiants de rester dans la région.

« C’est sûr qu’à la fin, tous ces enjeux viennent à inciter les étudiants à quitter la région pour Montréal ou Québec. Là-bas, c’est plus facile, moins compliqué pour eux. Ces villes-là aussi ont leurs enjeux, mais pour l’intégration des migrants, c’est beaucoup plus facile. »

Dans une optique où le manque de main-d’œuvre est de plus en plus criant, une initiative plus agressive pour tenter de garder une partie de ces étudiants étrangers dans la région serait à envisager.

 

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