Économie

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Un assistant précieux, mais qui a ses limites

Le 26 mars 2024 — Modifié à 08 h 00 min le 26 mars 2024
Par Yohann Harvey-Simard

L’intelligence artificielle (IA) ne relève plus de la science-fiction. De plus en plus raffinée, elle est employée dans un nombre croissant de professions. Elle est notamment en train de transformer la pratique des comptables professionnels agréés (CPA).

Notamment en raison de sa capacité à analyser rapidement de très grandes bases de données, l’IA peut sauver du temps aux CPA et leur permettre d’augmenter leur productivité, affirme Thomas-Louis Lafleur, CPA pour le cabinet d’expertise comptable Le Chiffre.

C’est particulièrement le cas depuis la l’explosion des large language models (LLM), un type de programme d’IA capable, entre autres, de reconnaître et de générer du texte. Le système Chat GPT est alimenté par un LLM.

« Dans mon cabinet, par exemple, on va utiliser les LLM pour connecter deux logiciels comptables ensemble. Avant, pour que deux logiciels puissent communiquer, ça prenait un programmeur pour qu’il fasse le codage nécessaire, ce qui pouvait prendre deux semaines. Maintenant, avec les LLM, je peux donner mes instructions par écrit à un LLM, et il va faire la connexion pour moi en une quinzaine de minutes. Le LLM va comprendre ce que je veux faire. »

Si ce type d’utilisation de l’IA s’est répandue surtout au cours des trois dernières années, cela faisait déjà un moment que les CPA avaient recours à des formes plus rudimentaires de l’IA.

 « Ça fait une dizaine d’années qu’on utilise l’IA pour du classement automatique de données, par exemple. »

Un nouvel assistant

Au-delà de raccourcir le temps de traitement de certaines tâches, l’IA peut aujourd’hui offrir de l’assistance, voire conseiller les CPA dans leurs prises de décisions.

« Par exemple, l’IA peut être un assistant virtuel dans le cas où un CPA a besoin de réviser une déclaration de revenus ou encore de donner une opinion sur une décision financière. Elle peut contextualiser et synthétiser toutes les informations que se sont échangées deux personnes au cours des 10 dernières années, ce qui va aider le CPA à formuler son opinion. »

Thomas-Louis Lafleur renchérit, ajoutant que l’IA peut à l’occasion jouer le rôle qu’un collègue aurait autrefois pu jouer.

« Si un CPA a un client qui veut s’établir dans le Wisconsin et que son client a une question par rapport à la taxe de vente là-bas, auparavant, pour trouver une réponse, le CPA se serait appuyé sur son expérience, aurait cherché dans les textes de loi, aurait consulté un collègue. »

Or, poursuit le CPA, « maintenant, il y a une autre option, celle de poser la question à un LLM qui a été entraîné sur la documentation fiscale. Et là, le LLM va fournir une seconde opinion au CPA. »

Les limites

Assurément pratique, l’IA n’est cependant pas près de remplacer les CPA. Les LLM comportent encore trop de failles et peuvent conduire à de mauvaises décisions si on s’y fie aveuglément, estime Thomas-Louis Lafleur.

« Oui, l’IA peut fournir une seconde opinion. Oui, il peut nous faire penser à des choses auxquelles on n’avait pas pensé étant donné qu’il ne pense pas comme un humain. En revanche, ce que je dis souvent, c’est que l’IA peut être un assistant très érudit, mais aussi très stupide parfois. »

En effet, il arrive que les logiciels d’IA aboutissent à des réponses incohérentes, si bien qu’on ne peut pas entièrement s’en remettre à leur analyse. « Le jugement du CPA reste encore indispensable. Est-ce qu’un jour le pilote sera remplacé? Il est trop tôt pour le dire. »

Le Cahier EntrePreneurs est une initiative de Trium Médias, en collaboration avec le journal Les Affaires. Dans les éditions trimestrielles se trouvent des articles touchant directement les enjeux et défis du monde des affaires.

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