Chronique
Voici une brève définition du mot bienséance : nom féminin. Ce qui convient de dire ou de faire dans une société, savoir-vivre. Certains de ses synonymes sont : convenance, décence et honnêteté. Ses contraires sont : impolitesse, cynisme et indécence. Jusque dans les années 60 et dans le temps des religieuses, il y avait même des cours de bienséance au Québec. J’ai 47 ans et je n’ai pas connu cette époque, mais en 2022, je me demande si ce cours devrait revenir dans les écoles. Ne riez pas, je suis sérieux. Et pourquoi? Les réseaux sociaux.
Depuis la pandémie, les insultes, l’intimidation et l’intolérance prennent énormément de place sur les Facebook et Twitter de ce monde. On n’aime pas un restaurant? Pourquoi aller en parler directement au patron en plein visage alors qu’on peut le démolir de façon irréfléchie sur un « spotted »?
Un site de nouvelles publie une actualité qui ne vous plait pas, au lieu de l’ignorer, vous y allez de votre grain de sel sans même avoir lu l’article. Quelqu’un vend un bâton de golf usagé sur Marketplace, vous l’insultez, car vous trouvez que c’est trop cher. Faites-vous ça aussi au magasin? Une connaissance de loin exprime sa joie face à un film. Vous n’avez pas aimé ce film et vous lui écrivez que c’est de la merde et qu’il ne connait rien. Est-ce que vous lui diriez également en pleine face?
Et une de mes préférées, encore à propos d’une nouvelle publiée par un média, des utilisateurs écrivent : on s’en cali****. Mais pourquoi tu perds 20 secondes de ta précieuse vie pour le dire?
Au nom de la liberté d’expression, on se permet de dire tout ce qui nous passe par la tête sans aucun filtre, comme un gars en boisson dans une game de hockey. Sommes-nous vraiment rendus là? Sans parler des interminables obstinations qui finissent en attaque personnelle. Comme je l’ai déjà écrit, je n’ai jamais vu personne sortir gagnant d’une guéguerre facebookienne, les bras au ciel et la ceinture du champion à la taille.
Maintenant que c’est dit, on fait quoi? Est-ce qu’on devrait en parler à l’école? Appliquer cette réflexion : n’écris jamais ce que tu ne serais pas capable de dire face à face à cette personne. En fait, vous savez quoi? Les jeunes sont plus brillants que ça. Ce n’est pas pour rien qu’ils délaissent Facebook. Une étude française de 2021 soutenait que 72 % des 16-18 ans ne l’utilisent pas. J’y pense et je réalise que tous les beaux exemples que je vous ai donnés concernaient des gens de 40 ans et plus. Outch.
Là-dessus, je vous souhaite une belle semaine, pleine de bienséance!
