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« C’est difficile dans le monde d’aujourd’hui d’être prêtre » - Père Marie-Jonathan Lavoie

Jean-François Desbiens
Le 20 février 2023 — Modifié à 10 h 00 min le 20 février 2023
Par Jean-François Desbiens - Journaliste

À 43 ans, le père Marie-Jonathan Lavoie est aujourd’hui le plus jeune prêtre encore actif dans la région. Celui qui est aussi un moine vivant au monastère du Cœur de Jésus à Chicoutimi, en plus d’être intervenant en soins spirituels à l’Hôpital de La Baie et aumônier réserviste à la base militaire de Bagotville, a accepté de préciser son parcours au Réveil.

Le père Lavoie a le pouvoir de dire la messe et d’administrer les sacrements de l’Église catholique depuis l’âge de 31 ans.

Dès son enfance à Saint-Ambroise où il est né, sa voie était tracée. Il assistait régulièrement à la messe avec sa grand-mère, une fervente pratiquante.

« Très jeune, je me suis impliqué dans l’église, avec la chorale ou encore je lisais l’évangile à la messe. Au secondaire, j’ai fait partie d’un mouvement jeunesse appelé l’Association des comités de liturgie engagés. On se rassemblait une ou deux fois par année avec des gens de l’extérieur et on se retrouvait parfois jusqu’à 75 jeunes. Je me sentais moins seul et j’avais une appartenance au groupe. J’ai pris des responsabilités dans ce mouvement en animant des groupes et j’ai découvert la passion de transmettre ma foi. »

Il n’était pas encore question pour lui de devenir prêtre, d’autant plus qu’il avait alors une petite amie, qu’il quitta au bout de trois ans. Jonathan Lavoie a étudié les sciences de la nature au cégep, puis la théologie en obtenant un baccalauréat et une maîtrise. C’est durant ces études que l’idée de devenir prêtre a commencé à faire son chemin.

Appel de Dieu

« J’ai rencontré des prêtres qui ont été des modèles pour moi, qui m’ont inspiré. J’avais été interpellé. L’appel de Dieu, ça vient à travers des gens et des situations. Dieu est très patient, mais ça faisait son chemin. C’est devenu plus sérieux. Pendant une retraite, la question s’est vraiment posée à moi. J’ai décidé de répondre oui. Je me suis dit que c’est ce que j’ai à faire donner ma vie à Dieu. »

Après avoir été animateur de pastorale dans des écoles primaires de Saint-Ambroise et Bégin, celui qui allait devenir le père Lavoie a prononcé ses vœux perpétuels de moine en 2009. En 2011, il a été ordonné prêtre à Saint-Ambroise.

Même si la société a bien changé, le père Marie-Jonathan Lavoie estime que l’Église joue toujours un rôle important.

« C’est un rôle plus nécessaire que jamais, parce qu’il y a actuellement une pauvreté spirituelle. Je me rends compte que même parmi les catholiques qui restent pratiquants, il y a beaucoup de gens qui ne connaissent pas leur foi. C’est aussi le cas souvent pour ceux qui la critique, de l’intérieur ou l’extérieur. Ils n’ont souvent même pas ouvert leur catéchisme. »

Scandales dans l’Église

Les différents scandales qui ont entaché l’Église catholique ces dernières années ont aussi contribué à rendre son travail plus difficile selon lui.

« On en arrache et ça nous ramène à l’humilité dans un sens. Je ne suis pas toujours à l’aise. C’est difficile dans le monde d’aujourd’hui d’être prêtre avec le regard que des gens ont sur l’Église. Il y a y plus de méfiance qu’auparavant. Des fois, ça nous met dans des situations inconfortables. À La Baie, quand je me présente comme intervenant en soins spirituels, des gens me revirent de bord. Quand je me présente comme prêtre, les gens qui ont des blessures reliées à l’église ou qui ont été abusés aussi. Je comprends très bien leur réaction. Je ne le prends pas personnel, mais ce n’est pas facile. »

64 % des prêtres ont aujourd’hui 70 ans et plus

Depuis 10 ans, le Saguenay-Lac-Saint-Jean a perdu beaucoup de prêtres. Alors qu’il y en avait 138 en 2012, il en reste actuellement autour de 90 selon le Diocèse de Chicoutimi.

Et il y en a plus à la retraite que toujours actifs. Pas moins de 58 ont aujourd’hui 70 ans et plus, soit 64 % des prêtres.

C’est sans tenir compte du fait que l’âge de la retraite est de 75 ans dans l’Église.

Toujours selon l’Évêché, le plus ancien des prêtres est maintenant âgé de 97 ans.

Ces chiffres illustrent le manque de prêtres pour répondre aux besoins dans les paroisses.

Plusieurs ont été annexées par le Diocèse de Chicoutimi dernièrement et seulement cinq prêtres se partagent la tâche afin de donner des services.

Le nombre de paroisses est passé de 63 à 28 pour les aider. L’Évêché de Chicoutimi a cependant tenu à préciser que malgré tout, plus de 70 communautés sont ainsi desservies.

 

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