Samedi, 27 juillet 2024

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Appauvrissement et itinérance

Une augmentation de la prostitution de survie à Saguenay

Yohann Harvey Simard
Le 07 février 2024 — Modifié à 10 h 18 min le 07 février 2024
Par Yohann Harvey Simard - Journaliste de l'Initiative de journalisme local

L’industrie du sexe gagne du terrain au Saguenay-Lac-Saint-Jean alors qu’un nombre grandissant de femmes se retrouvent en situation de vulnérabilité.

C’est ce que rapporte Maude Dessurault, intervenante sociale en exploitation sexuelle au Centre d’aide et de lutte contre les agressions sexuelles (Calacs) de Saguenay.

En 2019, le Calacs de Saguenay a mené une recherche auprès de 43 organisations communautaires ou institutionnelles situées dans les arrondissements de Jonquière et de Chicoutimi. « À ce moment-là, on nous avait dit que de 2014 à 2019, les organismes communautaires du territoire avaient rencontré 645 femmes en situation de prostitution ».

Or, bien qu’elle ne puisse pas encore quantifier le phénomène avec exactitude, Maude Dessurault affirme que des « observations de terrain faites par la Table de concertation prostitution-exploitation sexuelle Saguenay permettent de penser qu’il y a eu une augmentation de la prostitution de survie depuis 2019 ».

Lorsqu’une personne s’adonne à une prostitution dite « de survie », la prostitution est alors équivalente à une stratégie de subsistance et relève beaucoup plus de la nécessité que d’un choix. Il peut par exemple s’agir d’une femme qui, à défaut d’avoir les sous pour payer son loyer, offrira des faveurs sexuelles à son propriétaire comme paiement.

Prostitution et vulnérabilité

Des données préliminaires récoltées depuis la recherche du Calacs de 2019 suggèrent que la hausse des cas de prostitution survenue au cours des cinq dernières années serait notamment attribuable à l’évolution défavorable du contexte économique et social. Un constat valable à Saguenay, mais aussi à l’échelle de la province, insiste Maude Dessurault.

« On sait que l’itinérance, la pauvreté, les problèmes de logement, ça a tout explosé. Et on sait que lorsqu’il y a de la pauvreté, chez les femmes, souvent, il va y avoir des situations de prostitution de survie. »

En ce sens, Maude Dessurault indique que l’augmentation de la prostitution à Saguenay est corrélée à celle de l’itinérance.

« Avec la COVID qui a frappé, les femmes qui étaient déjà en situation de vulnérabilité se sont retrouvées avec des vulnérabilités supplémentaires. Comme les maisons d’hébergement pour femmes n’étaient plus en mesure de les accueillir puisqu’elles devaient réduire leur nombre d’admissions, eh bien, ces femmes-là se sont retrouvées à la rue. Elle sont donc devenues plus vulnérables aux proxénètes, plus vulnérables à la sollicitation des services sexuels, plus vulnérables aux agressions sexuelles et à toutes autres formes de violence, d’ailleurs. »

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