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Apprendre à lire la forêt : La mission de Mélanie Sheehy

Le 29 juillet 2022 — Modifié à 17 h 58 min le 29 juillet 2022
Par Julien B. Gauthier

« Autrefois, j’enseignais les langues. J’apprenais aux gens à lire l’anglais ou l’espagnol. Maintenant, j’apprends aux gens à lire la forêt », lance l’herboriste Mélanie Sheehy, aussi enseignante de formation.

Il y a une vingtaine d’années, elle a décidé de suivre une formation d’herboriste pour mieux connaître les différentes vertus des plantes et des arbres, mais aussi pour pouvoir enseigner ce savoir. Un savoir qu’elle a appris en bonne partie par elle-même.

« La formation était surtout centrée sur les plantes méditerranéennes, notamment celles d’Europe. Or, moi je me suis toujours intéressée à ce qu’on avait ici, c’est-à-dire les plantes boréales. D’où le nom Herboréal. Je n’ai jamais vraiment été une fille de jardins. J’ai fait beaucoup de recherches par moi-même », ajoute-t-elle.

Mélanie Sheehy est aussi très proche des autochtones. Elle a déjà habité dans une communauté et a un conjoint issu des Premières Nations. Elle a aussi été initiée par des aînés. « Ça aide beaucoup », admet-elle.

Un savoir en perdition?

Tant chez les allochtones que chez les Premières Nations, le savoir qui touche l’utilisation des plantes traditionnelles s’est perdu avec les années.

« Il y a eu une coupure générationnelle. Chez les autochtones, évidemment, ce sont les pensionnats. Quant aux allochtones, il y a eu la Révolution tranquille. Peu de gens le savent, mais les religieuses avaient un savoir immense à propos des plantes médicinales. Elles ont écrit des bibles sur le sujet », fait-elle valoir.

Régulièrement, elle collabore avec le Centre d'amitié autochtone du Saguenay en offrant diverses formations aux plus jeunes. Elle leur propose de se réapproprier ces savoirs ancestraux.

L’herboriste constate toutefois un regain en popularité du savoir médicinal depuis quelques années, surtout depuis la pandémie.

« Les gens vivent une certaine désillusion. Ils veulent prendre soin de leur santé par eux-mêmes. Dans mes formations, j’ai des personnes que je n’ai jamais vues auparavant. La clientèle a changé. On sent aussi qu’ils s’intéressent davantage à la nature », constate-t-elle.

Science

Mélanie Sheehy collabore également avec la Chaire de recherche du département pharmaceutique de l’Université Laval. Elle souligne que la science actuelle et les savoirs traditionnels sont intimement liés.

« De plus en plus, on se rend compte que la science vient valider les savoirs traditionnels, qui sont empiriques, qui se sont transmis de génération en génération », conclut-elle.

Lire la suite : Herboréal : Les trésors cachés de la forêt

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