Chroniques

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On vit rien qu’au printemps

Le 12 juin 2024 — Modifié à 15 h 00 min le 12 juin 2024
Par Stéphanie Gagnon

Le printemps est, dans l’imaginaire collectif, associé au renouveau. Porteur d’optimisme, il donne un second souffle aux résolutions de début d’année. On fait le grand ménage. On sème. On sort de nos tanières. Mais.

Il y a trois ans, on nageait en plein covid. En équilibre précaire entre les masques, la morve et les voisins délateurs. Il y a deux ans, on a eu les pieds dans l’eau à gérer des inondations un peu partout dans la région avec un printemps qui a apporté son lot de pluies diluviennes. Parlez-en aux riverains du Bôme ou de St-Henri.

L’an passé, c’est la tête dans le smog des feux de forêt qu’on a passé le plus clair du mois de juin. Des chalets brûlés, Chibougamau évacuée. 30 % plus d’incendies que la moyenne sur le territoire forestier québécois.

Cette année, on croule sous les chenilles (la livrée des forêts) et bien malin celui qui peut passer sa tondeuse « ben pénard » sans retrouver une demi-douzaine de ces dégueulasseries dans le coton ouaté. Une pichenotte et c’est réglé vous me direz, mais cette infestation, si elle n’est pas contrôlée, peut causer de sérieux dommages.

Je ne mentionne pas les maringouins.

Et. Le printemps n’est pas fini. Que nous réservent les prochaines semaines ? Feu, vol, vandalisme ? Pluie de sang ?

Les scénarios des dernières années me rappellent les dix plaies d’Égypte, qui se sont abattues sur un pharaon et ses contemporains. Pauvre pharaon, il a dû capoter solide de voir sa population combattre malédictions par-dessus malédictions.

(Dans ces dix plaies importées de la mythologie, il y avait également les poux. Plusieurs parents ont eu à composer avec ce fléau dans les derniers mois avec comme seules armes leur courage, leur peigne à misère et des shampooings aux résultats pas toujours concluants.)

On vit rien qu’au printemps, l’printemps dure pas longtemps.

Paul a raison. On vit des émotions en condensé au printemps. Et ça fait en fait quelques-uns qui nous passent sous le nez.

Il n’y a plus d’insouciance face au printemps. Ce n’est plus la bouffée d’air frais attendue après les mois de froidure. Ça sent l’incertitude. Les virus. L’humidité. La cendre. Les chenilles. Les poux. L’angoisse.

J’essaie de ne pas tomber là-dedans. Je me force à me rappeler que le printemps a aussi une odeur de lilas, de soleil qui réchauffe, de crèmes molles, de baseball, de BBQ…

… J’étais rendue à écrire ces lignes quand je suis sortie diner au centre-ville. J’ai vu un homme étendu sur le perron de la soupe populaire à Alma. Il ne portait qu’un bermuda élimé. Sa coupe de cheveux datait de plusieurs années, et sa douche, surement de plusieurs semaines. Je ne pourrais pas dire son âge. Il mangeait, au sol.

Son printemps est plus tough que le mien. Ta gueule avec tes chenilles pis ta crème molle Steph, t’as pas de vrais problèmes.

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