Vendredi, 19 avril 2024

Économie

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De grands enjeux liés à la lutte contre la pénurie de main-d’œuvre

Le 03 octobre 2022 — Modifié à 13 h 00 min le 03 octobre 2022
Par Mélyna Girard

Action, préparation et innovation

La pénurie de main-d’œuvre est depuis quelques années l’enjeu de l’heure. Les défis qui attendent les entreprises et la société en général sont innombrables. Une course contre la montre est déjà engagée.

Consultant en ressources humaines chez Malette à Dolbeau-Mistassini, Yan Tremblay rappelle que le nombre de postes vacants a plus que doublé en quatre ans au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Et cette tendance va se poursuivre au cours des prochaines années.

« Entre 2020 et 2025, ce sont 32 700 postes qui devront être comblés et 76% de ces postes à pourvoir le seront à la suite de départs à la retraite. Sur le territoire que je dessers, les postes de directeur général et de directeur financier représentent environ 70 % des mandats de recrutement. Les ressources humaines aujourd’hui, c’est très important pour les entreprises », indique Yan Tremblay.

Pour la même période, une trentaine de professions seront en déficit de main-d’œuvre.

D’ailleurs, les administrations municipales, notamment, en savent quelque chose. Les candidats à la direction générale ou à d’autres postes stratégiques au sein de l’appareil municipal ne se bousculent pas au portillon. Le partage d’une même ressource humaine entre municipalités représente une partie de la solution pour pourvoir ces postes névralgiques.

La pénurie de main-d’œuvre s’explique par divers facteurs démographiques : vieillissement de la population, exode des jeunes, dénatalité, dévitalisation des milieux, etc. Le taux de vieillissement de la population de la région est parmi les plus élevés de la province.

Aucun secteur épargné

Parmi les secteurs les plus touchés, le milieu de la santé est particulièrement éprouvé (préposés aux bénéficiaires, infirmières).

« Avec le vieillissement de la population, les besoins et les demandes de services en santé augmentent », rappelle Yan Tremblay.

C’est le cas aussi dans des secteurs comme la foresterie (opérateurs de machinerie multifonction, transporteurs), la vente au détail et la restauration, pour ne nommer que ceux-là. Il y a peu de secteurs épargnés par la pénurie. Même la main-d’œuvre étudiante n’échappe pas à cette réalité.

Le taux d’activité dans la région était inférieur à celui du Québec, à 55 % contre 64 %, en mars dernier. Le taux de chômage, toujours selon Statistique Canada, est de 3,6 %.

Ce ne sont donc pas les défis qui manquent aujourd’hui et qui vont se multiplier dans l’avenir.

Yan Tremblay suggère aux entreprises plus de formation à l’interne afin de rendre les employés plus polyvalents et de former des candidates et candidats qui n’ont pas nécessairement le profil recherché, pour ajouter des compétences.

Il est d’avis aussi que le télétravail, lorsque cela est possible, permet d’élargir son bassin de candidatures.

Des pistes de solution

Le recrutement à l’international et la diversification des outils d’attraction sont aussi des pistes de solution pour contrer la pénurie de main-d’œuvre.

« Il est important de se faire accompagner par les bonnes ressources, car le recrutement à l’étranger est un processus long et complexe », poursuit le consultant chez Malette.

Il rappelle d’ailleurs que plusieurs organismes et ressources existent dans la région et dans les communautés pour aider à l’intégration, à l’accueil et à la rétention des nouveaux arrivants. On pense ici à l’organisme RHA 02, Places aux jeunes en région, Portes ouvertes sur le Lac, les services-conseils de Malette en recrutement et dotation pour des postes plus stratégiques ou encore Services Québec.

Il y a également des enjeux indirects à la pénurie de main-d’œuvre, comme le mentionne Yan Tremblay.

« Il existe des obstacles qui peuvent démotiver les jeunes professionnels à venir s’établir dans un milieu, comme la pénurie de logements, le manque de places en garderie et la dévitalisation. »

Se référant aux prévisions de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) qui indiquent que le bassin de travailleurs âgés de 20 à 64 ans devrait diminuer de 12 % d’ici à 2041 au Saguenay-Lac-Saint-Jean, Yan Tremblay constate simplement que la tendance de la pénurie de main-d’œuvre n’est pas proche de se renverser. Il s’agirait du troisième déclin attendu le plus marqué, derrière la Gaspésie (-14%) et la Côte-Nord (-22%).

C’est donc dire que l’innovation et la créativité devront être au cœur des stratégies de lutte à la pénurie de main-d’œuvre si l’on veut relever les défis et surmonter les obstacles à venir.

 

Le Cahier EntrePreneurs est une initiative de Trium Médias, en collaboration avec le journal Les Affaires. Dans les éditions trimestrielles (avril, juin, septembre et novembre) se trouveront des articles touchant directement les enjeux et défis du monde des affaires.

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