Culture

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Suzanne Maltais-Gagnon a enseigné la danse pendant 40 ans

Denis Hudon
Le 06 septembre 2022 — Modifié à 20 h 03 min le 06 septembre 2022
Par Denis Hudon - Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Dans chaque édition du Réveil, nous vous proposons une entrevue avec une personnalité publique. L’idée est d’aller un peu plus loin de ce que l’on connaît de l’image de la personne. Cette semaine, la Fondatrice de l’École de danse SMG et qui a enseigné cette discipline pendant 40 ans, Mme Suzanne Maltais-Gagnon

Quel a été votre tout premier contact avec le monde de la danse?

C’était en 1953. J’avais 13 ans. C’est une amie qui m’a invitée à aller à des cours de danse qui se donnaient à l’hôtel de ville de Jonquière. Mon amie ne s’y est pas présentée, mais moi oui. Elle savait qu’on jouait du piano dans ma famille. J’ai été prise au jeu. Je suis tombée en amour instantanément avec la danse. Comme nous étions une famille où tout le monde jouait de la musique, il a fallu convaincre mon père. Je lui ai dit alors que ça coutait seulement 2 $ pour les cours de danse, au lieu de 5 $ pour le piano. J’ai continué quand même le piano en même temps. Dès mon premier jour, j’ai tout de suite accroché. La classe était dirigée par Simone Murray. Je me sentais à ma place, je pouvais m’exprimer sans gêne et avec une grande liberté. C’est l’expression par la danse qui m’a séduite. Je manquais de confiance et la danse a permis à mon corps de s’exprimer. Déjà, je me disais que j’allais être bonne en danse.

Vous avez commencé à enseigner le ballet classique et les classes enfantines à l’Institut des arts du Saguenay dès 1959. Tout au long de votre parcours professionnel, vous avez enseigné la danse à diverses clientèles, mais les tout-petits avaient une place toute particulière?

Oui. J’avais une grande facilité avec les enfants, surtout les tout-petits de 5 à 8 ans. J’ai toujours aimé travailler avec les enfants. Je m’en suis rapidement fait une spécialité. C’était un plaisir immense de leur enseigner la danse. J’ai développé la psychomotricité et la créativité chez les enfants et j’ai même enseigné à l’époque de la C.S. de la Jonquière. Je gardais des enfants quand j’étais jeune et j’en côtoyais beaucoup dans ma famille. J’étais très imaginative et très créative avec les enfants. Plus tard, j’ai fait don du programme de psychomotricité à l’Académie de ballet du Saguenay, en 1980.

En 1990 vous décidez de fonder votre propre école de danse. Vous en étiez alors la directrice générale et la directrice pédagogique. Comment ont été les débuts dans cette nouvelle aventure?

Je venais de quitter l’Académie et je repartais vraiment à zéro. J’étais toute seule et dès la première année, j’ai eu 95 inscriptions à mon école de danse. J’ai récupéré presque toutes mes anciennes élèves et j’ai continué aussi avec les tout-petits. C’était important pour moi. J’ai ouvert mon école un peu sur le tard, j’aurais dû l’ouvrir bien avant cela. Mais je ne regrette absolument rien. Ç’a été dix belles années de ma vie à mon école.

Justement, en 2000, vous avez passé le flambeau et un autre groupe qui poursuit votre œuvre avec l’École de danse SMG. Qu’est-ce que ça vous fait de voir que 22 ans plus tard, cette école est toujours bien vivante?

C’est la meilleure chose qui pouvait arriver. Les jeunes comme les adultes peuvent continuer leur apprentissage de la danse. Aujourd’hui, d’autres styles ont été ajoutés et c’est très bien. Je continue encore aujourd’hui d’aller voir les spectacles de danse. Ça évolue beaucoup, il y a de nouvelles danses. Il faut vivre avec son temps. Il y a une demande et l’École SMG y répond très bien. Je suis très fière de cette école encore aujourd’hui. C’est comme une famille pour moi, tout le personnel et les bénévoles. Tout le monde devrait danser. C’est un moyen d’expression extraordinaire. On a souligné cette année les 30 ans de l’école de danse. Ce serait 32 ans, mais il y a eu les des deux dernières années de pandémie. J’y assistais et j’ai été présentée au public. Mes deux arrière-petites-filles qui suivent des cours, Éloïse et Clara, m’ont remis une gerbe de fleurs. C’est une école de ballet parents-enfants. J’ai été très touchée.

Autre preuve qu’on ne vous oublie pas, vous avez reçu l’an dernier la Médaille du Lieutenant-gouverneur du Québec pour votre grande contribution à la vie culturelle de la Ville de Saguenay. Avez-vous été surprise?

Je ne m’y attendais vraiment pas. Je n’en savais rien et quand j’ai appris la nouvelle, j’ai cherché qui pouvait bien avoir soumis ma candidature. C’est la mairesse à ce moment-là, Mme Josée Néron, qui était aussi directrice générale de l’Académie de ballet de Saguenay, qui a présenté le dossier de ma candidature. J’ai été honorée lors d’une cérémonie à l’hôtel de ville. Ça fait chaud au cœur.

Est-ce qu’il vous arrive aujourd’hui de croiser certains de vos anciens élèves et que vous disent-ils.

Absolument et c’est toujours un plaisir de les revoir. Ils sont aujourd’hui des adultes et je vois aussi des parents de l’époque. Les gens sont encore reconnaissants envers moi et me disent souvent qu’ils ne m’oublieront jamais. Je ne peux pas les oublier moi non plus. La nouvelle génération ne me connait pas, mais l’autre jour, une petite fille de six ans à qui on avait parlé de moi et qui suit des cours de danse, m’a dit que si je n’étais pas née, il n’y aurait pas la danse. J’ai trouvé ça tellement beau et gentil.

Depuis que vous avez pris votre retraite, vous êtes toujours très active. À quoi ressemblent vos journées?

Je me lève généralement vers 7h30 et je fais ma marche quotidienne de 5 km là où je demeure au Lac-Kénogami, du Chemin des polices au Patro. Ça me prend environ une heure. Je fais aussi du yoga, je joue au bridge et au Scrabble et dès qu’il y a de la musique, je danse pour mon plaisir. C’est plus fort que moi. Je ne m’ennuie jamais.

Propos recueillis par Denis Hudon

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