Chroniques

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UBI la « patente à gosse » du câble

Le 24 février 2023 — Modifié à 11 h 58 min le 24 février 2023
Par Mélyna Girard

Chronique

La région du Saguenay–Lac-Saint-Jean a été longtemps considérée comme un laboratoire pour tester des produits. Je me rappelle que Desjardins avait expérimenté le paiement direct et les guichets automatiques chez nous. Lorsqu’on allait à Montréal, on ne pouvait jamais trouver un guichet automatique ou un commerce qui acceptait le paiement par débit. Vidéotron a sûrement été la dernière en reprise à utiliser notre population comme des rats de laboratoire avec son expérience UBI.

La révolution internet

En 1989, le Québec accueillait son premier réseau internet privé par le RISQ (Réseau d’information scientifique du Québec). Cette première initiative allait changer nos vies. Ce nouveau réseau de communication a été implanté au début dans les réseaux universitaires. L’objectif était de relier les universités entre elles afin d’échanger des informations et des recherches. Les compagnies de câblodistributions et des télécommunications avaient vu le potentiel de ces réseaux, car elles possédaient les réseaux de câbles et de fils de téléphone qui reliaient toutes les villes et les résidences entre elles. On appellera d’ailleurs l’internet, l’autoroute de l’information.

La ruée vers l’or de l’internet

En 1994, Jacques Parizeau est premier ministre du Québec et ministre de la Culture et des Communications. Comme grand économiste visionnaire, il avait compris le potentiel de l’internet. C’est alors qu’il crée le Fonds de l’autoroute de l’information du Québec.

Les entreprises de communication se ruaient vers ce fond pour financer leur projet d’autoroute de l’information. Vidéotron avait créé un consortium d’entreprise du Québec et avait obtenu 5 000 000 $ de dollars pour son projet pilote nommé UBI (Universalité, Bidirectionnalité et Interactivité). En gros, on voulait se servir de la télé comme d’un ordinateur pour faire des transactions pour payer ses comptes d’électricités ou de taxes municipales, avoir accès à ses comptes bancaires, acheter des produits, jouer à des jeux et de louer des films. Le Saguenay–Lac-Saint-Jean allait accueillir la phase 1 de ce projet pharaonique et utopique.

UBI s’installe au Saguenay

Dans le Réveil de Chicoutimi du 15 janvier 1995, on annonçait l’installation des bureaux d’UBI à Chicoutimi. Cette implantation avait pour but d’être accessible au public pour communiquer de l’information aux citoyens sur cette future technologie, mais aussi pour solliciter les entreprises et les institutions d’éducation de pouvoir être présentes dans UBI.

La présidente d’UBI, Sylvie Lalande prétendait, en février 1995, dans le Réveil de Jonquière, que 150 entreprises étaient à l’étape de développement de l’application. Enfin, en 1997, Vidéotron distribuait gratuitement à ses abonnées, ses nouveaux terminaux UBI accompagnés d’une mini imprimante. Les clients découvraient une nouvelle utilité de leur télécommande. On pouvait faire imprimer des coupons de rabais dans des commerces de la région. On avait accès à des jeux vidéo, on pouvait louer des films sans sortir de la maison. Mais les services promis et la révolution n’étaient pas au rendez-vous. Rapidement, les citoyens de la région se sont montrés très déçus de leur système UBI.

Bye Bye UBI, bonjour internet!

Coup de théâtre, après presque 12 mois d’utilisation, Vidéotron annonce la fin du projet UBI le 31 décembre 1997. Une des raisons de l’échec d’UBI était l’offre commerciale et le divertissement promis. UBI se voulait être comme un gros centre commercial accessible de la maison, mais quand le centre d’achat n’a pas beaucoup de magasins intéressant les gens le déserte.

Mais la raison principale qui avait mis fin à l’expérience d’UBI, c’est la popularité du courriel sur internet. Seuls les abonnés d’UBI pouvaient envoyer des messages entre-deux. Mais déjà en 1997, l’ensemble de la population possédait un ordinateur et a pu correspondre avec les gens de partout sur la planète et visiter le monde de leur résidence.

UBI devient donc un nouveau membre du musée des « patentes à gosse » avec la calculette multipoint et les cassettes 8 pistes.

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