Chroniques

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La douce ascension de Jeanick Fournier

Le 16 janvier 2023 — Modifié à 08 h 00 min le 16 janvier 2023
Par Mélyna Girard

Chronique

Dans le domaine musical, il y a toutes sortes de routes pour atteindre le sommet. Celle de Jeanick Fournier est singulière, une lente montée qui dure depuis 30 ans, une ascension tout en douceur, à l’image de ses chansons. On pourrait presque la qualifier de long fleuve tranquille. C’est peut-être parce que le triomphe est arrivé à 50 ans plutôt qu’à 20.

Jeanick avait déjà une réputation fort enviable dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Son nom était connu de la grande majorité de nos quelque 280 000 concitoyens, notamment en raison de son très populaire spectacle hommage à Céline Dion. Mais soudainement, par un bien drôle de concours de circonstances, la voilà projetée par-dessus Montréal, pour atterrir à Canada’s Got Talent, sans passer par les canaux traditionnels de la province comme  La Voix, dont l’organisation lui avait de toute façon déjà refusé une audition. Un beau pied de nez à l’establishment artistique Montréalais, une petite revanche, quoiqu’involontaire.

Puis ce fut Las Vegas il y a quelques jours, devant des millions de téléspectateurs, pour la finale mondiale. Jeanick aura eu l’occasion de se présenter non pas une, mais deux fois devant Simon Cowell, le producteur le plus en vue sur la planète. Pouvoir performer pour lui, c’est l’équivalent d’être devant Ed Sullivan en 1964. Bien qu’elle ait été éliminée au premier tour, son numéro fut sans faille.

Du coup, à Montréal, tout le monde la veut. On se l’arrache. Elle fait tous les plateaux de télé : Guy A. Lepage, Julie Snyder, Marie-Claude Barrette, à peu près toutes les radios. Un clin d’œil lui est réservé au Bye Bye et un segment de la très populaire émission En direct de l’univers, spécial jour de l’An, lui a même été consacré alors qu’elle a été surprise par son idole Marie-Denise Pelletier, un beau moment d’émotions, un bon flash de France Beaudoin.

Bien sûr, pour la diva, ce n’est plus le même quotidien depuis le printemps dernier. Mais si la vie de Jeanick a changé, elle ne l’a pas été à la puissance 1000 comme le gagnant d’un gros lot de 70 millions. Sa victoire à Canada’s Got Talent lui valu une bourse de 150 000 $, une belle petite somme certes, mais rien non plus pour dépenser sans compter. Le luxe de Jeanick a été de quitter son modeste  4 et demi pour s’offrir plutôt la location d’une maison, après avoir acheté des manteaux neufs à ses enfants, Emma et Yohan.

Jeanick sert sans le vouloir, bien malgré elle, une belle leçon au Québec des régions. Pour réussir, Montréal n’est pas un passage obligé. C’est vrai en art, comme en affaires, en politique ou en sports.

Les derniers mois ont été pour elle un tourbillon. Sa carrière de préposée est en veilleuse. Elle a en poche un contrat de 3 à 5 albums avec Universal, je suis bien curieux de savoir où ça va la mener. Personnellement, je lui souhaite des compositions originales.

En attendant, elle remplit ses salles, et à Montréal, elle fait maintenant partie de la gang. On la connait. On ne peut que lui souhaiter la poursuite de sa douce ascension.

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