Chronique
Je vous propose dans cette chronique un grand voyage dans l’histoire de la radio privée de Chicoutimi. Débutons avec CJMT. Et pour ce faire nous devons nous reporter dans les années 50. Chicoutimi était en pleine explosion démographique et économique. Sa rivale, Jonquière, possédait une station privée depuis 1947, Chicoutimi se devait d’avoir une antenne de radio privée locale! Une équipe d’homme d’affaires qui était composée du Dr Georges-William Tremblay, M. J-O Masse, Paul Rény, Gaston Vaillancourt et Jacques Bordeleau, s’est lancée dans l’aventure de la radio privée.
Les débuts de la compétition
En janvier 1953, le gouvernement du Canada autorisait le permis d’opération de la future station CJMT. Un an après l’émission du permis, c’est avec fierté qu’on ouvrait la nouvelle station de radio au Saguenay. Les premiers studios étaient situés sur la rue Racine et c’est le samedi 27 février 1954 que CJMT entrait en onde.
Pour démontrer la volonté de devenir la Radio au Saguenay, les fondateurs avaient confié l’aménagement des studios au grand architecte Paul-Marie Côté. Ce nouveau centre de production possédait des équipements à la fine pointe de la technologie et les studios étaient de forme circulaire et il était recouvert de liège pour favoriser une meilleure qualité de son.
De grandes personnalités ont débuté leur carrière à CJMT, Louise Latraverse était engagée à l’âge de 16 ans comme jeune présentatrice, Jacques Cayer, Claude Quenneville et Jean Pagé avaient fait leur début à CJMT. Pour se démarquer de sa rivale CKRS, la station de Chicoutimi avait décidé de se positionner comme la station des sportifs. Elle fut la première radio à diffuser des matchs de sport en direct. Elle innovait aussi en faisant des émissions en direct et des émissions spéciales.
Les années d'or et le début de la fin
Les années soixante-dix étaient considérées comme les années d’or de la station CJMT. En 1975, elle s’est affiliée au Réseau Télémédia pour être ensuite achetée l’année suivante. Cette entreprise de média était créée en 1968 par Philippe de Gaspé Beaubien qui était le plus grand éditeur de magazine au Canada.
En faisant partie de ce réseau, CJMT pouvait bénéficier d’un réseau d’information national et diffuser les matchs des Expos de Montréal. Le nouveau propriétaire avait profité de l’expansion pour aménager de nouveaux studios sur le boulevard du Royaume.
La récession du début des années 80 a mis un frein à l’âge d’or de CJMT. À l’automne 1982, CJMT met fin à la diffusion de ses émissions à la suite de pression de la banque fédérale de développement son principal créancier.
Dans le Réveil de Chicoutimi du mercredi 1982, on annonçait la fusion de CJMT, CKPB de La Baie et CFGT d’Alma comme solution pour sortir CJMT de sa crise financière. En regroupant les services administratifs des trois stations, on pouvait ainsi se sortir la tête de l’eau. Après cette période difficile, CJMT reprend de la vigueur avec son émission les amateurs de sports avec Phil Desgagnés et en 1990 on annonçait l’arrivée de Louis Champagne à la tête de l’émission du matin pour ainsi redevenir numéro 1.
L'union fait la force?
Les années 90 et le début des années 2000 marquaient le début de la création des grands groupes médiatique dans le monde. Le Québec n’y échappe pas. En 1994, on annonçait la fusion des groupes Télémédia et Radiomutuelle. Cette fusion marquait la fin de la station CJMT. Dans l’édition du Réveil du dimanche 2 octobre 1994, en première page on pouvait lire en gros titre : « Fermeture de CJMT, consternation et inquiétude. » C’était la fin de cette belle aventure radiophonique.
Ce qui reste de cette station : de beaux souvenirs et des voix légendaires comme celle d’Hélène Girard et ses demandes spéciales. Cette émission a marqué toute une génération dont la mienne. Mais c’est aussi la fin de l’époque de la radio AM.
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