Afin d’offrir plus de constance dans l’approvisionnement et de ne pas perdre une part de marché aux mains des producteurs internationaux, le Syndicat des producteurs de bleuets du Québec (SPBQ) se penche présentement sur l’instauration d’une réserve stratégique de bleuets.
Pour le directeur général Gervais Laprise, l’industrie du bleuet doit se doter d’un positionnement clair.
« Ce sont des discussions qui sont très préliminaires. On regarde toujours ce qui se fait dans les autres secteurs de production que ce soit les légumes de conservation, le sirop d’érable ou encore la pomme de terre. On essaie de s’inspirer de ces organisations et de voir de quelle façon ils font face à ces enjeux », lance Gervais Laprise.
L’idée d’une réserve stratégique n’implique pas la construction d’un entrepôt physique. Pour Gervais Laprise, ce concept est basé sur le positionnement du marché québécois face aux réserves de bleuets déjà existantes.
« Quand on parle de réserve stratégique, on se penche beaucoup plus sur le comment nous allons arriver à nous donner les leviers nécessaires pour supporter ceux qui conserveront les réserves de bleuets. Les entrepôts de congélations existent déjà dans la région et ceux-ci impliquent des coûts importants en énergie afin de maintenir le produit », ajoute-t-il.
L’un des objectifs de cette réserve stratégique serait d’assurer un approvisionnement plus constant à l’ensemble des acteurs de l’industrie.
« Quand nous avons des années faibles en termes de production, inévitablement nous perdons des acheteurs sur le marché puisque les transformateurs doivent concentrer les ventes sur les plus gros joueurs. Donc, si nous avons une bonne récolte l’année suivante, c’est difficile d’aller rechercher ces clients qui souvent sont souvent des clients industriels qui se sont tournés vers d’autres sources d’approvisionnement entre-temps », explique le directeur général du SPBQ.
Compétition
Gervais Laprise s’explique mal la situation entourant le prix de l’exportation du bleuet sauvage du Québec. Cet enjeu fait également partie des réflexions du SPBQ.
« Durant la dernière année, la moyenne des exportations du bleuet sauvage du Québec se situait 0,23$ en dessous du bleuet de corymbe. Nous avons toujours le meilleur bleuet, mais lorsqu’on voit que notre bleuet est vendu moins cher dans le marché de l’exportation, ça grafigne », affirme Gervais Laprise.
Chaque année, le Québec compétitionne avec des joueurs importants sur le marché mondial. Pour rappel, sur 4 milliards de tonnes de bleuets produits mondialement, le Québec en produit près de 1,6 million.
Saison fluctuante
Même si les chiffres en lien avec le volume de production n’ont pas encore été dévoilés, Gervais Laprise décrit une récolte avec beaucoup de variations.
« La saison au Québec a été très variable d’un secteur à l’autre. La sécheresse a beaucoup affecté la Côte-Nord et les provinces maritimes. Selon les informations que nous avons, nous avons eu une bonne récolte dans le haut du lac et nous devrions être dans la moyenne des 5 dernières années. »
Pour ce qui est du prix, celui-ci est passé de 0,35$ la livre en 2023 à 0,30$ cet été.
« 0,35$ la livre, c’est nettement insuffisant pour couvrir les coûts de production même si nous avons eu de bons rendements », conclut-il.
Le Centre d'études sur les coûts de production en agriculture (CECPA) travaille actuellement sur une mise à jour des coûts de production du bleuet qui sera publié au début du mois d’octobre. Le dernier rapport de ce genre datait de 2018.
« Plutôt que d’avoir cinq conseils d’administration, cinq vérifications annuelles, cinq services comptables, il va y avoir un seul groupe de gestion qui gardera tout de même une forte présence dans les centres-villes », conclut-elle.