Le chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet, était de passage au Saguenay-Lac-Saint-Jean la semaine dernière. Accompagné du député bloquiste de Jonquière, Mario Simard, et de celui de Lac-Saint-Jean, Alexis Brunelle-Duceppe, il a fait le point sur les récents dossiers controversés relatifs à l’industrie de l’aluminium régionale.
Il est entre autres revenu sur l’octroi de plusieurs contrats à l’étranger dans le cadre de la fabrication des nouvelles cuves de technologie AP60 à l’usine d’Arvida, ce qui suscite la grogne dans la région, notamment celle d’équipementiers.
« Plusieurs entreprises locales on dit qu’elles auraient pu fournir tels ou tels équipements à Rio Tinto, mais qu’ils s’approvisionnaient au Moyen-Orient ou en Asie, ce qui est très choquant dans une perspective locale et régionale. C’est plutôt de ce côté-là de la clôture que je me range, mais je comprends quand même que Rio Tinto Saguenay-Lac-Saint-Jean doit rendre des comptes à la multinationale et à la maison-mère. »
Ces comptes, dit-il, se rapportent surtout à la nécessité pour la filière Saguenay-Lac-Saint-Jean de Rio Tinto de ne pas dépasser les budgets alloués par la maison-mère pour la réalisation des projets locaux.
Toutefois, poursuit le chef, « en contrepartie de l’accueil exceptionnel qu’ils ont dans la région depuis longtemps, en contrepartie de privilèges extraordinaires en matière de capacité de production d’électricité privée, en contrepartie de toute l’aide financière qu’ils ont reçue de l’État, en contrepartie de la confiance qu’ils ont obtenue de la collectivité, Rio Tinto a l’obligation de retourner la faveur qui lui a été accordée. »
Or, estime Yves-François Blanchet, une façon de rendre la pareille à la région serait de privilégier ses entreprises lorsque vient le temps d’octroyer des contrats pour la construction de ses installations.
Iniquité vis-à-vis des transformateurs d’aluminium locaux
Un autre des sujets abordés par le chef bloquiste est « le fait que de plus petits transformateurs locaux considèrent qu’ils ne sont pas traités équitablement par Rio Tinto dans leur approvisionnement en aluminium ».
Encore là, pour Rio Tinto, il en va d’une logique marchande : « après discussions avec Rio Tinto, on comprend qu’il y a des éléments de prix et de tarifs qui sont réglementés et qu’ils ne peuvent pas contrôler ».
Néanmoins, rappelle Yves-François Blanchet, Rio Tinto bénéficie d’une « certaine marge de manœuvre dans ses négociations de gré à gré ».
Comme solution pour que les transformateurs locaux puissent mettre la main sur l’aluminium de la multinationale à un prix raisonnable, le chef évoque la possibilité de regrouper les quelque 2000 transformateurs du Québec de sorte qu’ils aient un interlocuteur unique et donc meilleur rapport de force lors des négociations.
Selon le Yves-François Blanchet, c’est avec ouverture que les dirigeants de l’entreprise auraient accueilli cette possibilité.
Ironiquement, rappelle le bloquiste, plusieurs transformateurs d’aluminium du Saguenay-Lac-Saint-Jean, mais aussi d’ailleurs au Québec, doivent acheter leur aluminium à l’étranger, celui de Rio Tinto leur étant inaccessible.