Lundi, 09 décembre 2024

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Caribou forestier

L'annonce du décret d'Ottawa fait réagir la classe politique

Vincent Pagé
Le 28 juin 2024 — Modifié à 08 h 28 min le 28 juin 2024
Par Vincent Pagé - Journaliste

L’annonce de l’adoption d’un décret d’urgence portant sur la protection des hardes de caribou forestier par le ministre de l’Environnement Steven Guilbeault a vivement fait réagir les différents acteurs régionaux impliqués dans ce dossier.

Après avoir menacé plusieurs fois d’intervenir si aucun plan n’était déposé, le gouvernement fédéral a décidé de passer à l’action de manière décisive et sans appel. Si certains trouvent cette décision trop précipitée, d’autres y voient une action nécessaire.

Les députés bloquistes de la région Alexis Brunelle-Duceppe et Mario Simard dénoncent cette manière de faire qui selon eux transgresse complètement l’autonomie du Québec et ses champs de compétence. 

« Ce qu’il faut, c’est un plan solide permettant à la fois de protéger le caribou et les emplois de l’industrie forestière qui sont le gagne-pain d’un bon nombre de familles au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Les acteurs que nous avons rencontrés sont tous d’accord qu’il faut intervenir. Toutefois, ce n’est pas en imposant un décret au Québec et en ignorant les intervenants du milieu comme souhaite le faire le gouvernement fédéral qu’on va y arriver », ajoute Alexis Brunelle-Duceppe, député de Lac-Saint-Jean.

Précipité

D'après l'Alliance forêt boréale (AFB), l'imposition de mesure avec ce décret d'urgence est précipitée. Le gouvernement provincial effectue des consultations dans les régions concernées sur des projets pilotes de protection de l'habitat du caribou forestier et montagnard notamment en Gaspésie et dans Charlevoix. Les mesures intérimaires pour la protection des hardes en milieu boréal sont également maintenues.

« Le Québec a l'une des gestions forestières les plus rigoureuses et respectueuses de la biodiversité, notamment avec un réseau d'aires protégées qui couvre déjà 17% de son territoire. L'aire de répartition du caribou forestier se situe à 75% au nord de la limite nordique des forêts attribuables où il n'y a aucune activité forestière. Le gouvernement fédéral doit réfléchir aux conséquences socio-économiques catastrophiques que l'imposition de ces mesures aura dans nos communautés forestières », indique Yanick Baillargeon, président de l'AFB.

La FQM s’insurge

De son côté, la Fédération québécoise des municipalités dénonce le moment choisi pour lancer le processus de décret et demande le report de la date limite de cette consultation afin que tous les acteurs concernés puissent y prendre part.

« Il est inacceptable de procéder à une consultation sur un sujet aussi important pour nos régions durant la période estivale où la majorité des citoyens et des intervenants clés sont en congé. Ce décret, s’il est adopté sans une consultation adéquate, pourrait avoir des répercussions économiques sévères sur notre industrie forestière, une pierre angulaire de l’économie régionale », a déclaré Jacques Demers, président de la FQM.

Premières Nations

Le Conseil de la Première Nation des Innus Essipit et Pekuakamiulnuatsh Takuhikan a salué la décision du gouvernement en décrivant l’annonce de l’éventuel décret comme une étape importante dans la protection du caribou forestier.

Selon les chefs de bande Innus Martin Dufour et Gilbert Dominique, les actions immédiates et urgentes sont nécessaires pour assurer la protection de l’espèce et de son habitat.

« Pour nous, il est satisfaisant de constater que le ministre fédéral de l’Environnement partage la même vision de la situation et recommande l’adoption d’un décret d’urgence pour protéger Atiku, une espèce fondamentale au point de vue culturel pour nos communautés », déclarent les deux chefs par communiqué.

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