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Une incursion dans l’univers de la taxidermiste Lucille Côté

Jean-François Desbiens
Le 20 février 2023 — Modifié à 08 h 40 min le 20 février 2023
Par Jean-François Desbiens - Journaliste

Sa maison du secteur Laterrière, qui lui sert d’atelier pour travailler, ressemble à un zoo d’animaux empaillés. On y retrouve entre autres des oiseaux, des loutres, des têtes de sangliers et d’ours qui illustrent bien l’univers de Lucille Côté, taxidermiste depuis plus de 40 ans.

Elle est aujourd’hui l’une des dernières au Saguenay à pratiquer ce métier pour le moins inusité.

« Quand j’ai commencé au milieu des années 70, on était une quinzaine et on prenait tous notre matériel pour travailler à la même place à Jonquière. Maintenant, il n’en reste plus beaucoup. Ils ont presque tous arrêté, mais moi j’ai continué parce que j’aime ça.  Je travaille à temps plein chez-moi et je suis autonome. »

Dans sa jeunesse, Lucille Côté revenait de la chasse avec parfois de belles perdrix ou des lièvres. Elle voulait les faire empailler pour les conserver, mais elle s’est vite aperçue que c’était dispendieux.

« Dans ce temps-là, je travaillais et je gagnais 25 $ par semaine. J’ai fait empailler un animal et ça m’a coûté deux semaines d’ouvrage. Je me suis dit que j’allais essayer de le faire moi-même. C’était juste pour m’amuser au début. Je me suis acheté un petit livre, mais je ne comprenais rien. Le premier que j’ai empaillé n’était pas très beau et j’ai fini par le jeter. Avec les années et la pratique, je suis arrivée à faire beaucoup mieux. »

Un peu plus tard, la dame a commencé à offrir ses services pour préparer des animaux morts afin de leur donner l’apparence de la vie.

Aux fils des années et des expositions, Lucille Côté s’est bâti une clientèle. Elle est aujourd’hui principalement composée de chasseurs ou de trappeurs qui souhaitent conserver un trophée ou un souvenir de leurs prises.

Des demandes de partout

Elle reçoit des commandes d’un peu partout au Québec et même dans d’autres provinces, y compris pour des chats ou des chiens.

« J’ai reçu un chat de l’Alberta dernièrement. Un homme voulait que je l’empaille pour le conserver chez lui, parce qu’il l’aimait beaucoup. Il m’a dit que les autres taxidermistes refusaient les animaux domestiques. J’ai aussi des commandes du Nouveau-Brunswick ou de Sept-Îles, par exemple. »

Pour arriver à rendre les bêtes réalistes dans les moindres détails, elle met parfois plusieurs heures de travail. Il lui faut au moins 12 heures pour donner une nouvelle vie à des petits animaux comme une belette. D’autres, plus imposants, comme une tête d’orignal, vont demander plus de 75 heures de travail.

« Il y a des difficultés pour tous les animaux. Les oiseaux ont la peau très mince et il ne faut pas la déchirer. Quand on fait un poisson, il ne faut pas couper la peau parce qu’il n’y a pas de plume ni de poil pour cacher ensuite les coutures. Les animaux à fourrure ont quant à eux plus de formes et c’est plus délicat. Il faut tout enlever à l’intérieur pour ne garder que le bout des pattes, l’ossature et le crâne. »

Du temps et du matériel

La tarification reflète évidemment le nombre d’heures nécessaires en fonction de chaque animal et le prix du matériel de base pour arriver à les figer dans le temps.

« Pour les plus petits, je demande environ 125 $. Dans le cas d’une tête d’orignal, ça dépend de sa grosseur. Ça peut aller jusqu’à 2 000 $. Le matériel, comme les moules en uréthane, est rendu cher. »

Mais peu importe ce qu’elle fait, Lucille Côté est méticuleuse et prend soin de satisfaire sa clientèle. Elle n’a pas de relève, mais elle veut continuer à faire son travail le plus longtemps possible.

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