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Système de santé : Travailleurs sociaux au bout du rouleau

Le 05 novembre 2021 — Modifié à 15 h 17 min le 05 novembre 2021
Par Julien B. Gauthier

Épuisement professionnel, manque de reconnaissance, cas plus lourds, les travailleurs sociaux sont mis à mal par le système se santé. Face à ces conditions, certains changent de carrière ou se tournent vers le privé.

Une employée qui a requis l’anonymat a accepté de s’ouvrir sur sa réalité. « Depuis la pandémie, la souffrance dans la société a augmenté. Notre charge de travail aussi. On ne peut plus travailler en prévention, car il y a trop de cas urgents », estime Sabrina (nom fictif), travailleuse sociale au CIUSSS du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Il s’agit d’un cercle vicieux puisqu’en parallèle, les listes d’attentes s’allongent pour les traitements à long terme, ce qui décourage les personnes souffrantes à demander de l’aide. Dans certain cas, c’est lorsqu’il est urgent qu’elles consultent. Dans d’autres cas, il est trop tard.

« Au bout du compte, ça fait plus de drames familiaux. On le voit, il y a des meurtres, des cas d’immolation… », faisant référence à certains faits récents d’actualité.

Désertion du système

L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), qui se bat depuis plusieurs mois pour obtenir de meilleures conditions de travail, abonde dans le même sens.

« Certains font le choix de changer de métier, car les conditions dans le réseau sont rendues trop difficiles. Certains migrent vers le privé. De plus, il n’y a pas suffisamment de diplômés pour répondre aux besoins de main-d’œuvre », explique Nancy Poulin, représentante nationale du syndicat.

« Il y a énormément de postes de travailleurs sociaux à combler », ajoute Sabrina.

La réforme Barette de 2015 est aussi un élément qui rend difficile le contexte de travail. La centralisation « déshumanise » les interactions avec le personnel-cadre.

« La réforme a changé beaucoup de choses. Ça complexifie les interactions. »

Garde sociale

De plus en plus, le réseau de la santé doit imposer la « garde sociale » à ses travailleurs sociaux. Habituellement, le CIUSSS pige dans une banque de volontaires. Lorsqu’il n’y a plus assez de gens disponibles, il l’impose par ancienneté inversée.

Des travailleurs sociaux avec moins d’expérience doivent donc rester disponibles pour intervenir lors des cas les plus urgents, les soirs et les fins de semaine.

« Ce sont les nouveaux qui se retrouvent à le faire, car ils n’ont pas d’ancienneté. L’incitatif financier est très minime et c’est stressant. On ne sait jamais ce qui nous attend », avance Sabrina.

« La garde sociale, même si tu n’es pas appelé, ça implique que tu ne peux pas sortir pour un souper entre amis. Il faut être prêt en tout temps », ajoute Nancy Poulin.

Le CIUSSS n’a pas répondu à nos questions.

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