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Robert Gauthier : l’antiquaire qui a su s’adapter au goût du jour

Jean-François Desbiens
Le 17 janvier 2023 — Modifié à 09 h 15 min le 17 janvier 2023
Par Jean-François Desbiens - Journaliste

Alors qu’ils étaient autrefois plus nombreux, un seul antiquaire est aujourd’hui actif au Saguenay. Et s’il est toujours en affaires, Robert Gauthier estime que c’est parce qu’il sut s’adapter au goût du jour.

L’ancien restaurateur à la retraite opère sa galerie d’art et d’antiquités située au 46, rue Jacques-Cartier Ouest, à Chicoutimi, depuis plus d’une vingtaine d’années.

Plus qu'un vendeur d'objets anciens, M. Gauthier est un véritable connaisseur en histoire de l'art qui a su rassembler ses plus belles pièces dans son entrepôt de 3 étages.

C’est une véritable mine d'or pour les collectionneurs, mais aussi pour les gens qui souhaitent donner une seconde vie aux objets, favorisant ainsi la récupération.

La rareté est évidemment un critère de sélection pour lui, mais aussi la qualité.

« Un meuble de 100 ans qui était laid à l’époque l’est encore aujourd’hui. Mais il y a des pièces qui ont été bien fabriquées, avec un beau design, et cet équilibre fait en sorte qu’elles deviennent intemporelles. Ce sera toujours beau. C’est la différence entre de la vieillerie et une antiquité. À l’époque, les fabricants de meubles se forçaient pour offrir des choses de bonne qualité. Aujourd’hui, les meubles sont fabriqués au moindre coût pour ensuite être vendus le plus cher possible. On se retrouve avec des meubles de mauvaise qualité, à moins de payer très cher. »

La mode a changé

Et ce qui était autrefois à la mode a changé.

« En 2023, les gros meubles, ça ne se vend plus. Une armoire de 8 pieds de hauteur, ça ne va pas partout. Maintenant, je ne recherche que des petits meubles ouvragés, d’une belle confection. Ses propriétaires auront toujours de la place, même s’ils déménagent dans un plus petit espace. »

Hormis les petits meubles, plusieurs objets anciens ont également la cote selon lui. Les lampes, la porcelaine et la bijouterie sont parmi ceux qui se vendent bien.

Ses clients recherchent aussi des tableaux et des objets religieux.

« Depuis la pandémie, les goûts pour l’art se sont développés. Je vends beaucoup de tableaux. Le marbre est aussi toujours recherché, mais pas le bois. Les jeunes n’aiment pas vraiment ça. Les tables et les chaises non plus.  Par contre, les objets religieux sont encore populaires. J’ai notamment acheté plusieurs statues religieuses et je me suis développé une très bonne clientèle avec ces objets. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui le patrimoine religieux. »

Robert Gauthier, qui a eu la piqûre des belles choses de sa grand-mère paternelle alors qu’il était enfant, se dit toujours aussi passionné par son travail.

« Au fil des années, l’attrait pour les antiquités est devenu plus fort que la restauration et je suis très content de mon choix. J’ai hâte de venir travailler le matin parce qu’il n’y a pas une journée pareille. Je suis comme un poisson dans l’eau. Je suis en santé et mon objectif est de travailler encore une dizaine d’années. J’aurai alors 70 ans. On est encore jeune à cet âge! »

Deux trésors dans la collection de Robert Gauthier

À force de se faire offrir ou de dénicher de nouveaux objets d'art qu'il restaurera au besoin pour ensuite les revendre, Robert Gauthier a pu mettre la main sur des petits trésors.

L’antiquaire en a présenté deux au Réveil. Le premier est un tableau du célèbre peintre originaire de Chicoutimi, Arthur Villeneuve. C’est un véritable chef-d’œuvre selon lui.

« J’ai acheté et vendu environ 200 toiles d’Arthur Villeneuve. Je suis pas mal connaisseur dans ce domaine. J’en ai acheté une avant les Fêtes d’une dame de Beauport qui m’avait contacté. Son père venait de décéder. Elle l’avait trouvé chez lui et il l’avait eu pendant 50 ans. J’ai un intérêt profond pour cet artiste et elle m’a vendu ce tableau. J’en suis très fier. Il est déjà vendu et j’ai une liste d’attente si le client ne le veut pas finalement. C’est un tableau un peu dispendieux, mais c’est une pièce rare. »

Et alors que la reine d’Angleterre Élizabeth II est décédée dernièrement, M. Gauthier a également une trace de son passage dans la région.

« La reine et le prince Philip avaient visité neuf villes durant leur passage en 1959, dont Chicoutimi. Ils ont signé cinq ou six copies d’un document avec des feuilles d’or préparé par des religieuses. Un de ces documents en papier, daté avec la signature des deux visiteurs, s’est retrouvé par mégarde dans les choses à jeter. Il a finalement été récupéré et je l’ai acheté il y a une dizaine d’années. Le prince est décédé depuis et la reine aussi. C’est une pièce que j’adore. Je pense ne jamais la vendre parce que pour moi, ça associe la monarchie à Chicoutimi. C’est un trésor de chasse pour moi. »

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