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Questions et réponses avec… Sylvain Gaudreault, député de Jonquière

Le 30 juin 2022 — Modifié à 16 h 52 min le 30 juin 2022
Par Julien B. Gauthier

Dans chaque édition du Réveil, nous vous proposons une entrevue avec une personnalité publique. L’idée est d’aller un peu plus loin de ce que l’on connaît de l’image de la personne. Cette semaine, Sylvain Gaudreault, député de Jonquière, qui quittera la scène politique après 15 ans en octobre prochain.

Vous avez été député de Jonquière pendant 15 ans. Vous avez cumulé de nombreuses fonctions, dont ministre des Transports et des Affaires municipales, whip et chef de l’opposition. Aurez-vous un deuil à faire?

Je vais avoir une désintox à faire. C’est sûr. Mais la bonne nouvelle, c’est que c’est moi qui l’ai choisi, je ne me suis pas fait défaire. Je n’ai pas été battu aux élections. Je pense que le choc est moins gros, je l’ai murement réfléchi. Le deuil se fait progressivement. Ce n’est pas du jour au lendemain. Je me prépare psychologiquement.

J’ai le sentiment du devoir accompli. Je me sens assumé. Je me sens rendu là. C’est une décision murement réfléchie. Dès la défaite à la course au leadership, ça devenait de plus en plus clair.

Je suis très satisfait, c’est un honneur de l’avoir fait, un privilège de pouvoir représenter les citoyens à l’Assemblée nationale. Et à chaque fois que je me levais, je le faisais pour les citoyens de Jonquière. À cinq reprises, les gens ont dit, Sylvain, on lui fait confiance. C’est tout un privilège.

J’ai toujours dit que mon rôle de député était une manière de militer. Tout le monde parle de mes 15 ans, mais en réalité, c’est 35 ans. J’ai eu ma carte de membre du Parti Québécois en 1987, un mois après la mort de René Lévesque.

Une fois la page tournée, quels sont vos plans de carrière? Comptez-vous rester dans l’espace public?

Mon scénario, c’est de retourner au Cégep de Jonquière comme enseignant en ATM en 2023. Reste à déterminer quand précisément. C’est ce qui est prévu, j’en suis très heureux. L’expérience va teinter mes cours, mais je reprendrai les tâches que j’avais laissées, soit les cours d’actualité.

En même temps, je garde les oreilles ouvertes pour d’autres possibilités et voir aussi ce que la vie va me proposer. Pour l’instant, j’ai eu des petits contacts avec toute sorte de choses.

Je ne veux pas être un gérant d’estrade à temps plein. Je veux être prêt à commenter à l’occasion sur des dossiers ou des sujets plus spécifiques. À tous les jours devant les médias pour analyser? Je ne me vois pas faire ça.

Je ne ferme pas la porte à d’autres choses qui pourraient arriver, qui pourraient compléter d’une façon mon engagement social.

Lors de l’épisode de GNL-Québec, vous avez pris position contre le projet, alors que la majeure partie des autres élus de la région étaient en faveur. Comment avez-vous vécu cette période?

Ç’a été difficile par moments. Il y a eu des messages très durs. Même s’il faut s’assumer, il reste que j’avais hâte que ce dossier-là soit derrière nous.

En revanche, en même temps que j’avais un message haineux, cinq minutes après, j’avais tout un message d’encouragement qui me disait de ne pas lâcher, que j’étais à la bonne place.

Si j’avais été pour le projet, je ne me serais pas plus fait d’amis. Pour moi, en politique, il faut forcément se mouiller.

J’ai été celui au PQ qui a le plus lutté contre l’abstention. Parfois, sur des projets de loi, certains disaient qu’on serait mieux de s’abstenir. Mais par définition il faut prendre position.

C’est la même chose avec GNL. Il y a des députés qui ont été entre le mur et la peinture. Moi ce n’est pas ma nature. Il faut prendre position.

Quand je vois ça réapparaître ces temps-ci, je ne peux pas croire qu’on va replonger là-dedans à nouveau. C’est un débat malheureux qui a divisé la région, des familles, des voisins entre eux. C’est malsain. Juste ça, ça démontre que sur le plan de l’acceptabilité sociale, il n’y en a pas.

Ce n’est pas parce qu’une municipalité adopte une résolution en appui que la population est d’accord avec le projet. Il n’y en avait pas d’acceptabilité sociale, et il n’y en a pas plus aujourd’hui.

Avez-vous des regrets en politique?

Je n’ai pas de regret en politique, mais plus des déceptions. J’aurais voulu une plus grande concertation régionale. On avait essayé avec Mireille Jean en 2017. Ça n’a pas été maintenu. Depuis l’abolition de la Conférence régionale des élus (CRÉ), je le sens que ça manque dans la région. J’aurais dû travailler un peu plus là-dessus.

Évidemment, j’aurais voulu être chef du PQ.

Autre chose : on n’aurait pas dû partir en élection en 2014. Il aurait fallu attendre encore six mois. Je pense que ça aurait changé le cours de l’histoire. Peut-être que finalement, Pauline Marois aurait été réélue, ce qui veut dire que Philippe Couillard n’aurait pas été premier ministre. Peut-être que François Legault aurait démissionné, car il aurait encore perdu des élections. Ça aurait changé la dynamique complètement. On ne le saura jamais…

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