Actualités

Temps de lecture : 3 min 58 s

Questions et réponses avec… Myriam Ségal, ex-animatrice de radio

Le 29 juillet 2022 — Modifié à 18 h 03 min le 29 juillet 2022
Par Julien B. Gauthier

Dans chaque édition du Réveil, nous vous proposons une entrevue avec une personnalité publique. L’idée est d’aller un peu plus loin de ce que l’on connaît de l’image de la personne. Cette semaine, l’ex-animatrice de radio et l’ex-enseignante en ATM, Myriam Ségal, qui a fait carrière pendant plus de 40 ans dans les médias à Québec et à Saguenay.

Comment avez-vous commencé dans le métier et pour quelle raison avoir choisi la radio?

Je n’ai pas vraiment choisi la radio. J’ai étudié en journalisme et je voulais faire de l’écrit. À la fin de mes études, j’ai fait un voyage en Europe ponctué de stages à la Tribune de Genève et dans un journal qui n’existe plus, soit la Cité à Bruxelles.

Quand je suis revenue en 1979, mon but était de commencer ma carrière au journal Le Lac-St-Jean. J’ai été reçue comme un chien dans un jeu de quilles. Je me suis dit que je n’étais pas prête à faire des entrevues et qu’il fallait que je me pratique.

J’ai donc dressé la liste de tous les médias où je ne voulais pas travailler (rires). J’ai donc fait application dans le média où j’avais le moins envie : CJRP à Québec. Et ils m’ont embauchée! J’ai eu une espèce de coup de foudre pour le métier. J’aime l’instantanéité et les deadlines permanents. C’est quelque chose de très stimulant.

Un de mes talents, dont je n’étais pas consciente, c’était que ma voix était plus basse. À l’époque, on avait besoin au AM de voix qui résonnaient.

Ensuite, à CHRC, j’ai travaillé avec un homme qui ramassait la moitié des cotes d’écoute de la ville de Québec : André Arthur. Il m’a demandé d’être sa recherchiste. Je n’ai pas trop compris pourquoi, mais il avait vu quelque chose en moi que je ne voyais pas.

Assez rapidement, je suis devenue sa remplaçante en onde. Alors quand on fait passer André Arthur pour un misogyne, il a quand même donné l’antenne de la radio la plus écoutée à une petite jeune de 27 ans! Je suis revenue au Saguenay en 1994 et j’ai été embauchée à CKRS, où j’ai fait 10 ans avec Louis Champagne.

Ma carrière a été ponctuée de chance. J’ai eu le bonheur de faire 42 ans de carrière ininterrompue.

Du point de vue familial, ça a été des années extrêmement difficiles. Mes enfants en ont souffert. Je partais à 4h du matin, durant le bulletin de nouvelles de 6h, j’en appelais un pour qu’il se lève et prenne sa douche, à 6h30, j’appelais le deuxième pour qu’il se lève et à 7h, j’appelais pour lever le troisième.

Quelle est la différence entre la radio parlée de Québec et celle de Saguenay

La grosse différence, c’est que quand tu dis quelque chose de mal à quelqu’un au Saguenay, tu dois être capable de le regarder dans les yeux sur le trottoir en sortant de la station.

Tandis qu’à Québec, tu as beau dire du mal pendant 10 jours, tu ne le rencontreras jamais.

J’avais dit d’un député qu’il était insignifiant, au sens littéral du terme. Il m’attendait sur le trottoir en sortant de la station. On est allé prendre un café et il m’a donné des exemples de ce qu’il faisait. J’ai sorti mon dictionnaire. Oui, je trouvais que ce qu’il faisait n’était pas significatif. Pas lui.

On s’est quittés sur une poignée de main, mais il faut être capable de faire ça au Saguenay.

Est-il encore possible de faire ce style de radio en 2022?

Il faut être plus prudent. À l’époque, tu disais quelque chose et toutes les lignes téléphoniques explosaient.

Aujourd’hui, il y’a des gens qui écoutent la radio et qui découpent des extraits, notamment un gars qui tient un site intitulé Sortons les poubelles.

Il écoute la radio pour prendre des extraits et diffuse ça sur les réseaux sociaux pour que les animateurs se fassent blaster par des gens qui ne les ont jamais écoutés. Les médias sociaux, cette caisse de résonnance, a beaucoup gâché le climat de la radio.

La radio, tu parles à une personne à la fois : au camionneur qui t’a choisi, à la femme en train de préparer le lunch de ses enfants, à la personne qui s’en va travailler… Il existe une indulgence, car c’est comme s’ils nous connaissaient. C’est comme parler entre chums. On est facilement excusés. Les réseaux sociaux ont gâché ça.

Je crois cependant que la radio parlée a toujours sa place. Elle offre une proximité. Par exemple, KYK, sa force, c’est qu’ils parlent du pont Dubuc, ils parlent des problèmes sur la rue du pont à Alma.

Que fait Myriam Ségal depuis sa retraite?

Depuis 5-6 ans, je suis tombée en amour avec les États-Unis. Mon frère m’a emmenée en 2014 faire le tour des Utah Rocks et des parcs nationaux de l’Utah.

C’est depuis ce temps que je vais aux États-Unis seule pendant six semaines, parfois avec ma roulotte, parfois avec ma tente.

Bizarrement, j’adore le Texas, même si je ne comprends pas très bien le chemin qu’ils sont en train de suivre sur le plan moral. C’est un pays d’extrême liberté. J’adore ça.

Les limites de vitesse sont de 80 MPH sur les autoroutes comme sur les routes secondaires.

Roule à la vitesse que tu veux, pète-toi la fiole si tu veux. Si tu te pètes la fiole, c’est ton trouble à toi.

Je suis fascinée. Au niveau des parcs nationaux, ils ont 100 ans d’avance sur nous. Et ce n’est pas cher. Ça me coute 30 $ pour moi et toutes les personnes dans ma bagnole et c’est bon pour sept jours. Quand la SÉPAQ me demande 12 $ pour aller me promener pendant deux heures, je trouve ça scandaleux.

Je trouve que pour des maudits capitalistes, ils sont plus socialistes que nous à ce niveau! (rires)

Propos recueillis par Julien B. Gauthier.

Abonnez-vous à nos infolettres

CONSULTEZ NOS ARCHIVES