Après 103 ans d’existence, La Laiterie de La Baie fait à juste titre la fierté de la région. L’entreprise est maintenant la seule au Québec à avoir survécu aux fusions et acquisitions des géants de l’industrie laitière.

Qui plus est : depuis trois générations, elle est dirigée par la même famille. Normand Duperré et ses frères Julien, Maurice et Robert, ont succédé à leur père Edmond dans les années 80, qui l’avait lui-même achetée de son beau-père.

« On est la seule laiterie indépendante maintenant, affirme Normand Dupérré. Les autres ont toutes été avalées par de gros joueurs. Deux laiteries ont recommencé leurs opérations dans les années 2000, mais ce sont des microlaiteries. Des entreprises de notre taille, il n’y en a plus. »

Plusieurs ingrédients ont permis à la Laiterie de La Baie d’avoir du succès année après année selon Normand Dupérré. « Comment on a résisté? En faisant des produits de qualité. Les gens nous ont toujours bien supportés parce qu’ils apprécient nos produits. On s’est diversifié également. On ne fait pas que du lait. On fait de la crème glacée, du beurre, des breuvages et de la crème. On a investi dans le fromage en achetant la fromagerie Saint-Fidèle. On fait aussi des ventes industrielles de beurre. Il est retransformé par d’autres entreprises en croissants ou en tartes par exemple. »

Du lait saguenéen au Labrador

Et depuis des années, les produits de la laiterie se retrouvent un peu partout au Québec, dans les Provigo, Maxi et Loblaw’s. Depuis l’an dernier, sa fameuse crème glacée Festin est aussi disponible dans 60 Wal-Mart. Du lait provenant de La Baie est même distribué depuis l’an passé à Goose Bay, au Labrador.

En visitant l’usine de la rue Aimé-Gravel, Le Réveil a également pu constater que l’équipement est constamment renouvelé.

« On consolide nos avoirs. On investit chaque année pour augmenter la productivité, renouveler de l’équipement. On vient d’acheter une nouvelle machine pour emballer les palettes de bois pour le transport. L’été dernier, on a installé l’air climatisé pour nos employés. Et on attend un robot pour le traitement du lait. Il faut toujours investir. »

Des employés fidèles

La Laiterie de La Baie compte présentement une soixantaine d’employés plutôt fidèles.

« La plupart de nos employés sont avec nous depuis longtemps. Il n’y a pas une grosse rotation de personnel ici. On en a eu un qui a été plus de 60 ans avec nous et qui a pris sa retraite durant la pandémie. J’ai aussi des stagiaires que j’avais reçus durant leurs études et qui sont revenus travailler pour nous après. Ils sont ici depuis 30 ans. »

Les horaires de travail favorisent aussi la rétention du personnel, termine Normand Dupérré.

« Nos employés ne travaillent jamais la nuit, ni les fins de semaine ou les journées fériées. Ils font leurs 40 heures ou plus les lundis, mardi, mercredi matin, jeudi et vendredi matin. À partir du vendredi midi, ils s’en vont. On a concentré notre transformation pour leur permettre ça. Mais évidemment, la production se passe beaucoup le matin pour garantir la fraîcheur du produit. On commence à 4 heures le matin. »

Un peu d’histoire

La Laiterie de La Baie s’établit dans le paysage saguenéen en 1919. À son début, l’entreprise porte le nom de Beurrerie Vulfrand Tremblay et fabrique du beurre.

En 1945, Edmond Dupérré se porte acquéreur de la beurrerie de son beau-père.

Quelques années plus tard, en 1948, la demande pour le produit est en forte croissance, passant d’une production hebdomadaire de 1 500 livres à plus de 45 000 livres.

Avec le vent dans les voiles, Edmond Dupérré diversifie son offre en 1956 en achetant la laiterie de La Baie des Ha! Ha! Les deux entités se retrouvent dans les locaux de la laiterie sur le chemin Saint-Anicet.

En 1958, l’entreprise se dote des équipements de production les plus modernes de l’époque et produit plus de 2 000 pintes de lait et 6 000 livres de beurre. Elle dispose alors d’une flotte de huit camions.

Le 25 janvier 1961, la Laiterie de La Baie est la proie des flammes et complètement rasée. Elle s’établit sur la rue Aimé-Gravel pour reprendre ses activités.

La relève arrive en 1980. Les quatre fils d’Edmond Dupérré lui succèdent à la tête de l’entreprise.

En 2019, la laiterie célèbre son centenaire.