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Exploitation sexuelle à Saguenay : Plus présente qu’on le pense

Le 20 mai 2022 — Modifié à 15 h 48 min le 20 mai 2022
Par Julien B. Gauthier

L’exploitation sexuelle est plus présente qu’on le pense à Saguenay. Avec le retour à la vie normale et l’omniprésence des réseaux sociaux, le Travail de rue de Chicoutimi constate qu’elle va en augmentant.

« Il y a de plus en plus d’offre. Les recruteurs sont devenus très bons dans le fait de montrer que tout est beau dans ce monde », explique Roxanne Gervais, travailleuse de rue.

« Auparavant, les proxénètes devaient se déplacer physiquement, se liaient d’amitié, se tenaient près des écoles. Aujourd’hui, avec les médias sociaux, la Snap map, on est complètement dans une autre ère ».

Contrairement à la croyance populaire, l’exploitation sexuelle, ce n’est pas seulement de la prostitution, où l’offre se fait à l’abord dans les rues dans les artères achalandées la nuit.

« Ce ne sont pas seulement des services sexuels échangés contre de l’argent. Ça peut aussi être en échange d’un toit, d’une sécurité. Il y a aussi des hommes qui sont touchés, quoique c’est beaucoup plus rare. L’exploitation sexuelle se fait aussi dans le cadre de relations de couple », indique Roxane Gervais.

Elle ajoute : « Avec la COVID, il y a eu un gros mouvement vers le web. Les femmes ont l’impression d’avoir un plus grand contrôle. Les activités se déroulent via les webcams, Onlyfans… Avec le déconfinement, on sent toutefois que le présentiel reprend du gallon. »

Plaque tournante

Roxanne Gervais est intervenante au service de Travail de rue de Chicoutimi. (Photo : Trium Médias - Julien B. Gauthier)

En tant que « grande ville » de la région, Saguenay est aussi une plaque tournante pour les réseaux de prostitution, qui proviennent surtout des grands centres.

« Saguenay est une porte d’entrée pour d’autres villes plus au nord. Constamment, les proxénètes déplacent les travailleuses, ce qui les rend dépendantes. Elles ne sont pas ici très longtemps », signale Roxanne Gervais.

Le Travail de rue est appelé à intervenir dans le milieu, mais de manière non culpabilisante.

« On collabore tant avec les proxénètes et les travailleuses. Si la travailleuse ne se sent pas à l’aise dans le milieu, on peut intervenir. Si c’est son choix, on ne force personne. »

Prévention

À Saguenay, l’exploitation sexuelle auprès des mineures existe aussi. Mais le milieu est extrêmement difficile à percer, en raison de son illégalité.

En ce sens, le Travail de rue mise surtout sur la prévention. L’organisme de Chicoutimi a d’ailleurs récemment reçu une enveloppe de 62 000 $ du ministère de la Sécurité publique du Québec dans ce but.

« On fait de la formation, on distribue des condoms, du lubrifiant, on réalise des tests de dépistage, on accompagne des parents », indique la travailleuse de rue, qui ajoute que la série télé Fugueuse a grandement sensibilisé les parents.

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