Chroniques

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Facebook, attention, danger

Le 10 mai 2024 — Modifié à 10 h 00 min le 10 mai 2024
Par Roger Lemay

Il y a un bout que j’ai le goût d’écrire sur Facebook. Plus particulièrement sur notre rapport avec ce géant du Web. Pourquoi Facebook ? Parce qu’il fut le premier réseau social. C’est le dinosaure. La mesure étalon. Le réseau Alpha. Les autres réseaux sociaux sont des clones.

D’abord, convenons ensemble que nos « amis » Facebook ne sont pas de vrais amis, même si nos quelques vrais peuvent se retrouver dans le lot. Personnellement, j’essaie de n’accepter (ou de demander) une «amitié» que si j’ai une certaine connexion avec la personne. Il y a bien sûr la famille proche et élargie, les collègues et ex-collègues, puis les connaissances rencontrées ici et là à travers les années.

Dans mon cas, ça plafonné à environ 1000. Pour moi, et cela demeure une position personnelle, Facebook a remplacé le perron d’église. Là où la communauté se réunissait à chaque dimanche après la messe pour échanger sur tout ; l’actualité, la politique, le sport, les affaires, là où on donnait des nouvelles de la famille.

Mes publications vont en ce sens. Je ne vais pas jusqu’à m’adresser directement en dialogue avec un individu sur un sujet personnel, je n’y étale pas mes états d’âmes ou de santé, je n’y vais pas d’une déclaration d’amour public à ma conjointe le jour de sa fête. Pour cela, je conserve une certaine pudeur. Puis je suis de la vieille école, je préfère encore les conversations face à face.

Lorsque je travaillais à Radio-Canada, nous avions eu une formation sur l’utilisation des réseaux sociaux, notamment de Facebook. En tant que journalistes du diffuseur public, nous avions un devoir de réserve lié à nos propos tenus sur le Web. Le principe était le suivant : ne dites rien sur les réseaux sociaux que vous ne vous permettriez pas de dire en ondes. C’était une directive prudente. Car, rappelons-le, nos publications sont éternelles et nos propos laissent des traces.

Si vous postulez pour obtenir un travail, sachez que votre employeur éventuel va scruter à la loupe vos photos et publications. Elles en disent beaucoup sur vous. Si vous songez vous présenter à un poste électif, vos adversaires vont fouiller pour trouver des déclarations susceptibles de les servir et de vous mettre dans l’embarras.

Ainsi, les pièges de Facebook sont bien réels et aujourd’hui bien documentés. Il y a quelques années, le magazine français Le Figaro a publié une étude mettant en relief l’impact de l’utilisation constante de Facebook, particulièrement sur la santé mentale. Les risques sont considérables, une surutilisation de Facebook peut même entraîner dépression, anxiété et sentiment de solitude.

Car, soyons honnêtes, les utilisateurs ne publient que leurs bons coups, leurs plus belles photos. Il y a comme une surenchère de celui ou celle ayant une vie plus formidable que l’autre. Or ça peut être très dévalorisant pour certains ne se sentant pas à la hauteur, très destructeur pour ceux ayant la fausse impression que leur vie est plate…

Facebook est-il une drogue ? Nul besoin d’être un fin psychologue pour comprendre que lorsque quelqu’un publie une photo de lui-même, il est en attente constante de « like » et de compliments. À la longue, ça devient fatigant. On se réfugie sur Facebook à la moindre occasion. Ne me croyez pas plus vertueux, je plaide aussi coupable. Si bien qu’à mes résolutions annuelles de mieux manger et de faire de l’exercice s’ajoute celle de diminuer le temps d’écran.

En Europe il existe des journées « sans Facebook », pendant lesquelles les gens sont invités à ne pas utiliser les réseaux sociaux. Une manière de revenir aux communications traditionnelles, davantage incarnées, me semble-t-il. Et puis ça fait juste du bien, parfois, de ne pas être connecté à un téléphone, un réseau, ou une télé. Juste pour le plaisir de ne rien faire.

De nos jours, on ne sait tout simplement plus s’ennuyer.

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